Plaie d’argent n’est pas mortelle!

« Plaie d’argent n’est pas mortelle! » Celui ou celle qui n’a jamais connu la vraie galère et la vraie faim sera choqué par ce proverbe. En revanche, celui qui sait réellement ce que c’est que de manquer de quelque chose et qui est encore vivant pour en témoigner, peut attester qu’on peut survivre aux difficultés financières. Certes, dans de nombreux pays, des personnes meurent parce qu’elles n’ont même pas de quoi se payer du paracétamol; ce ne sont pas à ces cas extrêmes que je fais référence quand j’invoque le dicton. Il est aussi vrai que la plaie d’argent est très inconfortable mais on peut la gérer et continuer à vivre. Certains diront à juste titre, « survivre et non vivre », soit! La réalité est que la vie est une « survie » pour des milliards d’êtres humains sur terre. Peut-être donc que les mieux lotis qui se retrouvent aujourd’hui désemparés par les bouleversements économiques que le coronavirus crée dans leurs vies, pourraient apprendre quelque chose des indigents. On survit au dénuement en s’adaptant perpétuellement, en apprenant à vivre un jour à la fois. Ça exige de lâcher prise, de prendre conscience de ses limites, de s’humilier et si on est croyant, de RÉELLEMENT s’abandonner à l’Éternel pour tous nos besoins.

Il y a un mois, j’ai reçu un appel d’une personne qui prenait de mes nouvelles, étant donné l’épidémie de coronavirus. Cette personne qui vit en Afrique subsiste au jour le jour en vendant des petits plats dans la rue, elle vit donc grâce à cette fameuse économie informelle si caractéristique des pays pauvres. Quand je lui ai retourné sa question, elle m’a répondu en riant: « On a peur à cause de ce virus, on est enfermés dans la maison. C’est la faim seulement qui va nous tuer. » Elle riait de bon cœur en disant cette phrase. Son attitude ne m’a pas surprise le moins du monde. Elle a grandi et toujours vécu dans la pauvreté. Elle sait ce que c’est de manquer de nourriture, de vêtements, de ne pas avoir de quoi acheter des médicaments. Toutefois, c’est une personne qui a toujours pris la vie du bon côté. Au-delà de son tempérament et du fait que beaucoup de personnes indigentes dans les pays pauvres ont une certaine joie de vivre en dépit de leurs circonstances, je sais aussi que mon interlocutrice est très pieuse. En effet, elle n’a jamais vu l’Éternel les  abandonner, que ce soit ses parents et sa fratrie ou à présent, son époux et ses propres enfants.

Les périodes de sécheresse financière sont des opportunités de mourir à soit, d’être émondé(e) afin de croître spirituellement (Jean 5:1-8). Je reste persuadée qu’il y a des choses qu’on ne peut apprendre qu’au cours d’une saison désertique. Même si ce n’est pas vous qui la traversez et que c’est quelqu’un que vous connaissez, ayez la maturité de vous demander pourquoi le Seigneur a permis que vous soyez témoin du malheur d’autrui et ce que vous pouvez apprendre de l’expérience, y compris sur vous-même et votre marche spirituelle. Alors, si vous connaissez une baisse de revenus à cause du coronavirus, comment est-ce que vous pouvez faire à ce bouleversement économique en vous inspirant des méthodes de survie des moins bien lotis que vous?

 

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Photo reçue d’une amie en prise avec des fins de mois difficiles et qui était toute heureuse d’avoir de quoi nourrir sa famille, après une virée dans une banque alimentaire
  1. Dans la mesure du possible, il ne faut recourir au crédit à la consommation que lorsqu’on a épuisé toutes les autres solutions possibles, quitte à toucher à l’épargne constituée pour la retraite. Lorsqu’on se retrouve subitement à ne plus pouvoir joindre les deux bouts, on peut être tenté de recourir au crédit à la consommation afin de compenser les manques à gagner. En effet, on a tendance à se dire: « La situation actuelle est temporaire, ça ne devrait pas durer. » Faux! Bien souvent, on connaît toujours la date de départ des difficultés financières mais on se trompe souvent quant à leur date de fin. Si vous êtes déjà endettés et que vous subissez une baisse de revenus à cause du coronavirus, au lieu de vouloir maintenir votre train de vie, je vous conseille vivement d’ajuster vos habitudes de consommation, quitte à couper dans le budget alimentaire; n’attendez pas trop longtemps avant de le faire. Faute-de-grives-on-mangeAvec le confinement et le télétravail, tout le monde reste désormais à maison pratiquement tout le temps. Ainsi, avez-vous vraiment besoin de votre forfait actuel de téléphonie et de données mobiles? N’avez-vous pas une ligne fixe à la maison et une connexion WiFi? Ne serait-ce pas une bonne idée de prendre un forfait de données mobiles moins élevé? Si vous ne pouvez pas payer votre loyer au complet, proposez par exemple à votre propriétaire de lui payer une partie (n’oublions pas que certaines personnes vivent uniquement de leurs revenus locatifs et ça vous évite d’engranger de nouvelles dettes). Il est important de n’accorder aux choses matérielles que la fonction qui est la leur: les vêtements, c’est avant tout pour se couvrir; on mange pour vivre; on utilise le téléphone pour communiquer, etc. Les vêtements de marque, le vin d’un certain cru, le boeuf de Kobé ou le dernier iPhone, c’est du superflu qu’on se permet quand le compte en banque déborde et non, quand on est à deux doigts d’être sous le coup d’une interdiction bancaire ou de faire faillite.
  2. Certains parents ont tendance à projeter leurs peurs ou blessures d’enfance sur leur progéniture. Ils finissent ainsi par les surprotéger et à en faire de futurs adultes, qui s’effondreront à la moindre adversité. La vérité est que les enfants sont résilients et beaucoup plus raisonnables qu’on ne le croit. Je suis une farouche partisane de la transparence totale avec les enfants lorsque les parents connaissent des difficultés financières. En effet, je trouve qu’il est important de faire comprendre aux enfants que certaines choses ont un coût, que la vie n’est pas toujours rose et qu’il faut surtout apprendre à apprécier les petites choses. Si vous avez perdu votre emploi à cause du coronavirus ou que vos heures de travail ont été réduites, au lieu de se réfugier dans le mutisme, l’alcool, le cannabis ou les anxiolytiques, puis de passer ses nerfs sur le reste de la famille car vous êtes stressé(e) par la diminution de vos revenus, expliquez la situation calmement à vos enfants. Vous serez surpris(e) de l’ingéniosité dont vos trésors feront preuve pour vous aider, voire même vous réconforter, à leur façon.
  3. Il faut savoir reconnaître les coups de pouce de Dieu. L’Éternel nous vient bien souvent en aide à travers d’autres êtres humains. Qu’il s’agisse de votre propriétaire qui accepte de reporter le paiement du loyer ou un versement partiel, de la banque qui suspend le remboursement de l’hypothèque, du fait de tomber au supermarché sur un rabais inespéré sur un produit inconditionnel de votre garde-manger, il faut avoir le réflexe de rendre grâces à Dieu pour tout répit accordé à votre tension artérielle! J’irai même un peu plus loin: répit ou pas répit, louez l’Éternel quand les choses vont mal. C’est un conseil avisé que je ne comprenais pas et qui avait le don de me mettre en rogne, quand les choses n’allaient pas: « Attends, tu rigoles ou quoi? Ma situation va de mal en pis, j’ai l’impression de perdre la tête et tu me demandes de louer Dieu alors qu’IL ne répond même pas à mes prières? » Ephésiens 6_12-18Ce que je n’avais pas compris et que j’ai seulement découvert dans le désert est qu’il y a un aspect spirituel à tout ce que l’on vit. Je ne suis pas en train de dire que toute personne qui vivrait des difficultés financières, traverserait cette saison parce qu’à l’instar de Job, Satan a décidé de chambouler son existence (Job 1: 9-10). Cependant, même s’il n’est pas à l’origine, il ne se gênera pas profiter de la situation comme il a tenté de le faire avec notre Seigneur Jésus dans le désert (Matthieu 4). C’est pour cela qu’il est vital de souvent aborder nos difficultés du point de vue spirituel, afin de colmater toute brèche dans notre armure et de prévenir toute attaque. La louange est la meilleure stratégie. En effet, comment est-ce que le royaume des ténèbres ne pourrait pas être déstabilisé lorsque vous êtes en train de proclamer la magnificence de l’Éternel et votre allégeance renouvelée à son égard, au lieu de récriminer contre LUI? Mon amie (celle dans l’échange Viber) et moi aimions écouter et chanter à tue-tête, entre autres, « Praise in advance » de Marvin Sapp.

Si vous voulez être en mesure de dire comme Paul,

« Je sais vivre dans l’humiliation, et je sais vivre dans l’abondance. En tout et partout j’ai appris à être rassasié et à avoir faim, à être dans l’abondance et à être dans la disette. Je puis tout par celui qui me fortifie. » (Philippiens 4:12-13)

vous devez appréhender la vie avec le bon bout de la lorgnette. Tout le monde, y compris les athées, s’accorde pour dire que la pandémie du coronavirus est un appel à une certaine prise de conscience par rapport à ce qui est important ou non dans nos vies. Pour la première fois, on peut constater de manière tangible que l’humanité entière, peu importe le continent, a le même ennemi que les « grands » cerveaux n’ont toujours pas fini de cerner etface auquel le stock d’armement nucléaire de toutes les grandes puissances est inutile.

Ziad AbdelnourLes personnes qui meurent du coronavirus, décèdent seules dans leurs chambres d’hôpital sans même avoir leurs proches à leurs côtés. C’est une fin tellement triste que les médias ne mentionnent pas; pourtant, ils devraient le faire. Beaucoup de personnes vivant dans des pays extrêmement individualistes ont besoin de se rappeler qu’on a toujours besoin de quelqu’un d’autre, ne serait-ce que pour porter notre cercueil, comme on dit en Afrique. Seul Dieu peut dire qu’IL n’a besoin de personne!  On ne survit à l’épreuve du désert que lorsqu’on fait preuve d’humilité et qu’on affiche sa vulnérabilité auprès de personnes dignes de confiance. Lorsque je parle de personnes « dignes de confiance » à qui dévoiler sa vulnérabilité, je veux parler avant tout de personnes avec qui vous vous sentez en sécurité sur le plan relationnel (« safe person »). En effet, une personne peut être extrêmement généreuse mais si elle a zéro empathie, est portée à juger les autres ou est incapable d’aider spontanément son prochain sans d’abord se dire « Et si cela m’arrivait », il vaut mieux rechercher une autre oreille. Celle-ci ne doit pas nécessairement être quelqu’un que vous connaissez, il peut s’agir d’un intervenant social ou parfois d’un(e) inconnu(e) dans un lieu public. Vous serez surpris(e) des pépites d’or que vous glanerez à partir de ces échanges authentiques avec les autres. L’Éternel nous aide très souvent à travers les autres. Demander de l’aide n’est pas une preuve de faiblesse, mais plutôt de sagesse, d’humilité et de maturité. Si vous avez en ce moment du mal à joindre les deux bouts, contactez les organismes sociaux publics et privés de votre région; demandez un sursis de paiement à votre propriétaire, votre banquier, vos autres créanciers; contactez l’équipe dans votre église qui s’occupe des personnes démunies. Être pauvre, démuni ou indigent, n’est pas une insulte; ça ne fait pas de vous un être humain inférieur.

 


L’opinion exprimée dans ce billet n’engage que son auteure.

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Répondre à « Donne-nous le pain de chaque jour! […] À chaque jour, suffit sa peine. » (Matthieu 6:11; 34) – B'Lev Sameach – Avec un coeur joyeux Annuler la réponse

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