Hanoucca et le miracle de la fiole d’huile : mythe ou réalité historique ?

Flickr | David Williss – Bougies allumées la 7e nuit d’Hanukkah

Vous vous souvenez comment en 2022, les hasards des cycles lunaires avaient fait coïncider le 16 Nisan, date à laquelle Yeshua HaMashiach a été ressuscité, avec celui de la célébration de la résurrection du Messie ? Eh bien, figurez-vous qu’en 2024, Hanoucca débute le 25 décembre et s’achève le 2 janvier. Signe de la fin des temps ou juste clin d’œil astral, je n’en sais rien, mais je saisis l’occasion pour présenter brièvement la fête de Hanoucca ! C’est nécessaire de le faire parce que certaines personnes pensent À TORT que c’est le « Noël des Juifs ». Et le fait que les deux fêtes tombent le même jour cette année, ne va pas arranger les choses!

La Fête de la dédicace, Hanoucca, commence la veille du 25 Kislev. Elle est célébrée pendant huit jours d’affilée.

La victoire des Maccabées

Hanoucca commémore le moment où, en 164 av. J.-C., le peuple juif a pu consacrer à nouveau son Temple à l’Éternel (1 Maccabées 4:36, 55). En effet, après avoir promulgué des lois bannissant la pratique de la foi juive (1 Maccabées 1:41-64), le roi séleucide Antiochos IV Épiphane avait osé dédier le Temple à Zeus en sacrifiant un cochon sur l’autel. (1 Maccabées 1:54; cf. Daniel 11:31)

« Le quinzième jour du mois de Kisleu, en l’an 145, le roi fit construire « l’horreur abominable » par-dessus l’autel du temple et l’on construisit des autels païens dans les autres villes de Juda. » (1 Maccabées 1:54)

« Des troupes se présenteront sur son ordre; elles profaneront le sanctuaire, la forteresse, elles feront cesser le sacrifice perpétuel, et dresseront l’abominable dévastation. » (Daniel 11:31)

Il était donc impératif que le Temple fût purifié et dédié de nouveau à l’Éternel.

« Judas et ses frères dirent alors: « Maintenant que nos ennemis sont vaincus, montons à Jérusalem pour purifier le temple et le consacrer de nouveau à Dieu. » » (1 Maccabées 4:36)

« À la date précise où les païens avaient profané l’autel, le nouvel autel fut consacré au son des cantiques, des harpes, des lyres et des cymbales. » (1 Maccabées 4:54)

Le récit complet de la dédicace du Temple est relaté dans les 2 Livres apocryphes des Maccabées (Hashmonaïm).

Depuis l’an -164, ce moment de consécration du Temple à l’Éternel, qui a suivi la victoire des Hasmonéens, a toujours été commémoré par le peuple juif.

« Judas, ses frères et toute l’assemblée d’Israël décidèrent qu’on fêterait avec joie et allégresse la consécration de l’autel, chaque année, à la même époque, à partir du vingt-cinq Kisleu et pendant huit jours. » (1 Maccabées 4:59)

Jean 10:22 nous informe d’ailleurs qu’une fois,  Yeshua se trouvait à Jérusalem pendant les célébrations perpétuant cette tradition.

Calendrier grégorien Calendrier hébraïque
Mois 3 Mars Nisan
Pessah (Pâque juive) ; cf. Ex 12 :1-14 ; Lv 23 :4-8 ; Nb 28 :16-25 ; Mt 26 :1-28 :10
Fête des pains sans levain
 ; cf. Ex 12 :15-20 ; Lv 23 :4-8 ; Nb 28 :16-25
Fête des prémices ; cf. Lv 23 :9-14 ; Nb 28 :26-31
Mois 1
Mois 4 Avril
Iyar
2e Pâque ; cf. Nb 9 :9-13 ; 2 Ch 30 :2-3
Mois 2
Mois 5 Mai
Sivan
Shavuot (Fête des semaines) ; cf. Lv 23 :15-22 ; Dt 16 :9-12 ; Ac 2 :1-41
Mois 3
Mois 6 Juin
Tammuz Mois 4
Mois 7 Juillet
Av Mois 5
Mois 8 Août
Elul Mois 6
Mois 9 Septembre
Tishri
Yom Teruah – Rosh Hashna (Fête des trompettes) ; cf. Lv 23 :23-25 ; Nb 29 :1-6
Yom Kippur (Jour des Expiations) ; cf. Lv 16, 23 :26-32 ; Nb 29 :7-11
Sukkot (Fête des Tabernacles ou Tentes) ; cf. Lv 23 :33-44 ; Nb 29 :12-40
Mois 7
Mois 10 Octobre
Heshvan Mois 8
Mois 11 Novembre
Kislev
HANOUCCA (Fête de la dédicace) ; cf. Jn 10 :22
Mois 9
Mois 12 Décembre
Tevet Mois 10
Mois 1 Janvier
Shevat Mois 11
Mois 2 Février
Adar
Purim (Fête des sorts) ; cf. Est 9 :17-32
Mois 12
Mois 3 Mars

La plupart des Juifs messianiques ne célèbrent pas la Nativité de Yeshua mais continuent  à célébrer Hanoucca. En effet, la célébration de Noël ou de Pâques ne fait pas partie de leurs traditions familiales, notamment en raison de siècles de persécutions contre les juifs « au nom du Christ ». Fêter Noël peut aussi donner l’impression d’une conversion au christianisme.

Le miracle de la fiole d’huile

D’après la tradition rabbinique, un miracle se serait produit en l’an -164 lors de la consécration à nouveau du Temple, celui de la fiole d’huile. Selon cette tradition, après avoir repris le Temple de Jérusalem aux Grecs, les Maccabées trouvèrent une seule fiole d’huile pure et qui n’aurait pu allumer la menorah que pendant une journée. Pourtant, contre toute attente, cette huile dura huit jours, le temps nécessaire pour produire de l’huile purifiée selon les rites prescrits (Lévitique 24:2). Toutefois, cette histoire est absente des textes historiques les plus anciens sur la victoire des Maccabées, rédigés au IIe siècle av. J.-C.. En effet, les livres des Maccabées se concentrent exclusivement sur la victoire militaire sur les Grecs ainsi que la purification du Temple. L’histoire du miracle de la fiole d’huile apparaît à une époque beaucoup plus tardive, environ 600 ans après les évènements présumés, dans le traité Shabbat 21b du Talmud de Babylone.

« Lorsque les Grecs entrèrent dans le Temple, ils souillèrent toutes les huiles qui s’y trouvaient. Quand la dynastie hasmonéenne l’emporta et vainquit, on chercha et on ne trouva qu’une seule fiole d’huile portant le sceau du Grand Prêtre. Elle ne contenait que de quoi allumer un jour, mais un miracle se produisit et on put en allumer huit jours. »

Cette absence de mention dans les sources initiales suggère, selon plusieurs théologiens, que le miracle de l’huile fut introduit ultérieurement dans le but de reformuler le sens de la fête dans un contexte politique ultérieur marqué par la destruction du Second Temple.

Une haggādāh d’origine tardive

Le récit du miracle appartient au genre littéraire de l’haggādāh, un récit narratif à connotation non juridique souvent destiné à illustrer des principes théologiques ou éthiques. L’hisoire de la fiole d’huile trouve elle-même son origine dans une baraita, c’est-à-dire une tradition orale datant de la période des Tannaïm, mais qui n’a pas été incluse dans la mishnah (la loi orale juive). Rajoutée dans la gemara (commentaire de la mishnah), la baraita sert ici à donner un cadre spirituel et symbolique à Hanoucca en mettant l’accent sur une intervention divine plutôt qu’une victoire militaire.

Selon le professeur Shai Secunda, un début d’explication à l’apparition de cette haggādāh pourrait être trouvé dans le lien établi dans 2 Maccabées 1 :18-36 avec la célébration de la fête des Tentes, Souccot après le retour d’exil, dans le chapitre 8 du Livre de Néhémie. Les auteurs du deuxième livre des Maccabées rapportent la redécouverte par Néhémie d’un feu sacré caché par les prêtres, au moment de la déportation à Babylone, lors de la première destruction du Temple. Ce feu, retrouvé par les compagnons de Néhémie sous la forme d’un liquide épais, aurait ensuite été miraculeusement embraser au moment de la dédicace du nouvel autel.

Apparemment, ce récit du feu sacré retrouvé à l’époque de Néhémie était déjà connu, bien avant l’instauration de la fête de Hanoucca. Cette histoire présente plusieurs similitudes avec le miracle de la fiole d’huile :

  • la fin d’une domination étrangère qui permet désormais de pratiquer librement la foi dans la maison de l’Éternel ;
  • une période de purification nationale ;
  • la purification et dédicace du Temple ;
  • l’intervention divine afin de restaurer le culte, conformément aux rites de purification (Lévitique 6 :12-13 ; 24 : 1-4) ;
  • une célébration de huit jours.

 

Jorge Láscar | Flickr – Place du Mur des Lamentations, Vestige de l’ancien mur qui entourait la cour du Temple

Lorsque le second Temple est détruit en 70 ap. J.-C., la dimension cultuelle de Hanoucca disparaît. Les rabbins (de la secte des Pharisiens) auraient alors réinventé la fête pour en faire une célébration spirituelle, centrée sur la lumière comme symbole de la foi et de la persévérance.

Pour les juifs messianiques, le miracle de la fiole d’huile peut aussi faire écho à une autre lumière miraculeuse — celle de Yeshua, dont les Évangiles nous disent qu’IL est la lumière du monde (Jean 8:12). Et la lumière divine, une fois allumée ne peut être éteinte.

 

ATTENTION: Certains catholiques romains, sur la foi des prétendues visions ou révélations de Yeshua à une certaine Maria Valtorta, vous affirmeront que les apôtres et les croyants juifs de l’église primitive célébraient « les encénies », un terme qui correspond à la traduction française du mot latin  utilisé (latin: encaenia; grec: εγκαίνια (enkainia)) pour traduire Hanoukkah.  Pour ces catholiques convaincus de l’authenticité des déclarations de Maria Valtorta, Yeshua serait né à Hanoukkah. En effet, cette femme qui disait avoir des conversations avec Yeshua, a prétendu que le Messie lui aurait affirmé ceci : « Je suis l’Encénie Éternelle, Pierre. Sais-tu que je suis né justement le 25 du mois de Casleu (Kisleu) ? »

Non seulement, je rappelle que nulle part dans l’Ancien ou le Nouveau Testament, la date exacte de naissance du Messie n’est fournie, mais surtout que toute révélation divine doit être testée à la lumière des Écritures. Par ailleurs, le Messie nous a avertis avant son départ de la venue de faux enseignants, docteurs et prophètes :

« Plusieurs faux prophètes s’élèveront, et ils séduiront beaucoup de gens. » (Matthieu 24:11)

« Si quelqu’un vous dit alors: Le Christ est ici, ou: Il est là, NE LE CROYEZ PAS. Car il s’élèvera de faux Christs et de faux prophètes; ils feront de grands prodiges et des miracles, au point de séduire, s’il était possible, même les élus. Voici, je vous l’ai annoncé d’avance. » (Matthieu 24 :23-25)

En dépit du fait que les autorités de l’Église catholique continuent de nier toute origine surnaturelle aux « visions » et aux « dictées » de Maria Valtorta, de nombreux membres de cette dénomination continuent de croire que ses écrits sont parole d’évangile. Pourtant, il est de l’entière responsabilité de tout croyant et non de personne d’autre, de veiller à ne pas être trompé par des « doctrines de démons » (1 Timothée 4:1) et de faire comme les juifs croyants en Yeshua de Bérée.

« Ces Juifs avaient des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique; ils reçurent la parole avec beaucoup d’empressement, et ils examinaient chaque jour les Écritures, pour voir si ce qu’on leur disait était exact. » (Actes 17:11)

« Bien-aimés, n’ajoutez pas foi à tout esprit; mais éprouvez les esprits pour savoir s’ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde. » (1 Jean 4:1)

À BON ENTENDEUR…

Que ce billet de blog(ue) vous inspire et vous éclaire en cette fin d’année ! Chag Hanoucca Sameach!

 

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L’opinion exprimée dans ce billet n’engage que son auteure

 

2 commentaires

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