Mihu Yehudi – Qui est juif? (2ème partie)

1ère partie

Emblème de l’État d’Israël à l’entrée du parking de la Knesset – Wikimedia Commons

Aux yeux des juifs (y compris ceux qui sont athées) et des non-juifs, le judaïsme ne représente pas seulement une religion, mais l’expression culturelle de l’identité du peuple juif. Au cours de l’histoire, plusieurs empires, royaumes, états ont promulgué des ordonnances ségrégationnistes ou discriminatoires contre les juifs. Dans le cadre de cette persécution intense, c’était le non-juif qui se préoccupait vivement de savoir qui était juif. Cependant, depuis la création de l’État d’Israël en 1948 et jusqu’à ce jour, cette question continue de faire l’objet de débats récurrents à la Knesset et devant les tribunaux israéliens. Mihu Yehudi (« Qui est juif » en hébreu), est d’ailleurs l’appellation donnée à une série de débats qui se sont tenus au parlement israélien et qui ont débouché sur une modification de la Loi du retour israélienne en février 1970.   La Loi du retour est une loi laïque, votée le 5 juillet 1950 à la Knesset et dont l’article 1 octroie au moment de son adoption, le droit à tout juif, peu importe ses croyances religieuses, le droit d’immigrer en Israël (aliyah) et de recevoir un visa d’oleh.

« Chaque juif a le droit de venir dans ce pays en tant qu’en oleh », article 1, Loi du retour 5710-1950. (traduction libre)

Selon le Premier ministre de l’époque, David Ben-Gurion, cette loi symbolise la raison d’être de l’État d’Israël et n’octroie pas un droit aux juifs de la diaspora; au contraire, elle réaffirme un droit dont ils étaient déjà détenteurs.

« Ce droit précède l’État; ce droit bâtit l’État; sa source se trouve dans la connexion historique et jamais brisée entre le peuple juif et la patrie. »

Lors des débats pour l’adoption de cette loi, le mot « juif » n’est pas défini. En vertu de la loi israélienne sur la nationalité, l’obtention d’un visa doleh peut faciliter l’acquisition ultérieure de la nationalité israélienne. (C’est la Loi sur la nationalité détermine les règles d’acquisition de la nationalité israélienne : soit par le droit du sol, soit par le droit de sang ou par naturalisation.) Il est important de souligner que l’objet de la Loi du retour n’est pas de déterminer « qui est juif », mais plutôt de déterminer qui a le droit d’immigrer en Israël en tant que juif.

Cour intérieure du siège de la Cour suprême d’Israël – Dr. Avishai Teicher, Wikimedia Commons

En 1970, après que la Cour suprême d’Israël eût rendu les décisions Rufeisen (dans cette décision de 1962, la Cour conclut que même si selon la halakha, un apostat reste juif, il ne l’est pas en vertu de la Loi sur le retour, car pour l’opinion populaire juive, il est inconcevable qu’un apostat fasse encore partie du peuple juif) et Shalit (1970), des amendements sont apportés à la Loi du retour. Ainsi, les nouveaux articles 4A et 4B de la Loi du retour, 5730-1970, restreignent désormais le nombre de personnes qui pourraient demander un visa d’oleh, en rajoutant une condition à l’article 1: ne pas être un apostat du judaïsme. L’article 4A(a) élargit le droit d’immigration aux enfants et petits-enfants d’un juif, ainsi qu’aux époux de ces personnes, sauf si la personne juive a volontairement changé de religion. Quant à l’article 4B, il indique que « pour les fins de cette loi, est « juif » toute personne née de mère juive ou qui s’est convertie au judaïsme et qui (la personne et non sa mère) n’est pas membre d’une autre religion. » Depuis 1970, la Loi du retour s’applique :

  • Aux personnes nées de mère juive ou qui ont une grand-mère maternelle juive
  • Aux personnes qui ont un père ou un grand-père juif
  • Aux personnes converties au judaïsme selon les courants orthodoxe, massorti ou réformé.

 

À l’heure actuelle, il est possible d’immigrer en Israël en tant qu’oleh, en vertu de l’article 1 ou de l’article 4 de la Loi du retour.  Mihu Yehudi est donc souvent le nœud central des poursuites intentées contre le gouvernement israélien, par des juifs messianiques non israéliens. En 1987, Shirley et Gary Beresford sont des juifs pratiquants : ils respectent le Sabbat, mangent kosher, jeûnent à Yom Kippur, fréquentent souvent la synagogue. Ils qui décident d’immigrer en Israël en vertu de la Loi du retour, en tant que juifs ou enfants de juifs. Cependant, ils ont l’intime conviction que Yeshua est le Messie promis à Israël et font partie du mouvement « Juifs pour Jésus ». Après s’être fait refuser des visas d’oleh, les Beresford saisissent la Cour Suprême d’Israël. Leur argument principal est que le judaïsme messianique représente un courant du judaïsme, comme c’était le cas à l’époque du Second Temple (avec les pharisiens, les sadducéens, les esséniens). En un mot, ils s’appuient sur les origines de ce qui est connu aujourd’hui le christianisme : les croyants en Yeshua étaient considérés à l’époque du Second Temple comme faisant partie d’une secte émanant du judaïsme (Actes 9:2; 19:9, 23; 22:4; 24:14, 22). La question à laquelle la Cour devait répondre était de savoir si, en l’absence de toute cérémonie de baptême chrétien et d’affiliation à une église chrétienne, la seule foi en Yeshua faisait des Beresford des membres d’une autre religion, ce qui anéantissait leur droit à faire l’aliyah. En un mot, que signifiait « ne pas être membre d’une autre religion » dans l’article 4B de la Loi du retour? En 1989, les juges de la Cour suprême ont répondu que, pour les fins de la Loi du retour, le changement ou l’appartenance à une religion reconnue autre que le judaïsme, n’exige pas une adhésion formelle à celle-ci. En effet, il suffit d’adhérer à ce qui constitue les dogmes ou principes théologiques fondamentaux de cette religion. L’un des juges a d’ailleurs affirmé que « la chose la plus importante – voire plus importante que le baptême […] dans le Christianisme – est la croyance en la Divinité de Jésus. » Et puisque le judaïsme et les juifs en général, ne croient ni en un Dieu qui se serait incarné en un homme, ni en une première venue antérieure du Messie, il ne saurait être affirmé que le mouvement « Juifs pour Jésus » est une branche du judaïsme. Les choses ayant changé depuis l’époque du second temple, les Beresford ont donc été reconnus comme des apostats et leurs demandes de visas d’oleh rejetées. Les juifs messianiques, qui sont juifs selon la filiation matrilinéaire définie par la halakha, sont considérés comme des chrétiens ou des juifs qui se sont convertis au christianisme, aux fins de la Loi du retour. Ils ne peuvent donc pas demander un visa d’oleh et faire l’aliyah, puisqu’ils sont considérés comme étant des membres d’une autre religion. En avril 2008, la Cour suprême d’Israël rend une décision qui reconnaît aux juifs messianiques issus de la diaspora et de pères et grands-pères juifs, le droit de faire l’aliyah en vertu de la Loi du retour. En effet, ces personnes sont exclues de l’application de la clause de conversion puisqu’elles n’ont jamais été juives en vertu de la règle de filiation matrilinéaire de la halakha. Si leurs pères et grands-pères sont juifs, ces personnes ne le sont pas selon le droit religieux juif, leurs mères n’étant pas juives. Par conséquent, si l’oleh n’a jamais été juif selon la halakha, on ne peut pas lui opposer s’il est un adepte du judaïsme messianique, l’argument d’une conversion ultérieure à une autre religion. Il est donc très important de comprendre que cette décision de la Cour suprême ne concerne pas tous les juifs messianiques. En résumé : ce jugement dit que tout individu qui n’a jamais été considéré comme juif en vertu de la halakha mais qui est un descendant de juifs peut faire l’aliyah en tant que membre de famille d’un juif (statut d’oleh-chadash), indépendamment de sa foi en Yeshua. (NB : la majorité des juifs messianiques vivant en Israël sont des Israéliens par droit de sol) Pour récapituler : au moment de la rédaction de cette publication (août 2021), la Loi du retour exclut de la définition de « juif », les juifs qui se sont convertis à ou ont été élevés dans une religion autre que le judaïsme, y compris le judaïsme messianique. Pourtant, en octobre 2020, Israël a accueilli 2000 Falash Mura, des descendants de juifs éthiopiens qui se sont convertis (volontairement ou sous contrainte) au christianisme, il y a un siècle. En général, les Falash Mura peuvent immigrer en Israël en vertu de la Loi du retour puis obtenir la nationalité israélienne, s’ils acceptent de se convertir au judaïsme à leur arrivée.   Uploaded image En résumé, du point de vue israélien, la réponse à la question « Mihu Yehudi » varie selon la personne ou l’entité qui y répond :  

QUI EST JUIF?
Selon : Une personne est juive si son parent juif est MAIS que la personne reconnaît Yeshua comme le Messie   Une personne n’est pas juive si son parent juif est MAIS que la personne reconnaît Yeshua comme le Messie
Droit religieux (halakha) sa mère (juive de naissance ou convertie) elle reste juive (mais est une apostate) son père N/A
Aux fins de la Loi du retour : Le Ministère de l’Alya et de l’Intégration sa mère (juive de naissance ou convertie à l’un des 3 courants majoritaires actuels du judaïsme rabbinique) elle n’est pas juive son père ou son grand-père elle est juive
À des fins de mariage, divorce ou pour pouvoir être enterré dans un cimetière juif : Le Grand rabbinat d’Israël sa mère (juive de naissance ou convertie au judaïsme selon les règles orthodoxes) elle n’est pas juive son père N/A
Judaïsme orthodoxe sa mère (juive de naissance ou convertie) elle reste juive (mais est une apostate)
Judaïsme massorti (ou conservateur) elle n’est pas juive
Judaïsme réformé sa mère ou son père (juif de naissance ou converti) elle n’est pas juive n’est pas juif (de naissance ou converti)
Judaïsme karaïte son père (juif de naissance ou converti) elle reste juive (mais est une apostate) sa mère (juive de naissance ou convertie)
Judaïsme messianique sa mère ou son père (juif de naissance) elle reste juive n’est pas juif (de naissance)

 

Repentance, retour (… à la Parole d’Adonäi, toujours)

  En conclusion, loin de moi la prétention de savoir ou de dire péremptoirement « qui est juif », mais je constate que plus on s’éloigne de ce qu’indiquent les Écritures, plus la détermination de « Qui est juif » devient compliquée. Pourtant, aurait-on parlé aujourd’hui d’Israël ou du peuple juif, n’eurent été les promesses répétées de l’Éternel à cette nation?

« Lorsque toutes ces choses t’arriveront, la bénédiction et la malédiction que je mets devant toi, si tu les prends à cœurau milieu de toutes les nations chez lesquelles l’Éternel, ton Dieu, t’aura chassé, si tu reviens à l’Éternel, ton Dieu, et si tu obéis à sa voix de tout ton cœur et de toute ton âme, toi et tes enfants, selon tout ce que je te prescris aujourd’hui, alors l’Éternel, ton Dieu, ramènera tes captifs et aura compassion de toi, il te rassemblera encore du milieu de tous les peuples chez lesquels l’Éternel, ton Dieu, t’aura dispersé. Quand tu serais exilé à l’autre extrémité du ciel, l’Éternel, ton Dieu, te rassemblera de là, et c’est là qu’il t’ira chercher. L’Éternel, ton Dieu, te ramènera dans le pays que possédaient tes pères, et tu le posséderas; il te fera du bien, et te rendra plus nombreux que tes pères. » (Deutéronome 30 :1-5)

 

Aaron Shust, « Zion » (activer les sous-titres « cc » pour les paroles de la chanson)

 

Traduction française

Couplet 1 O filles de Sion O fils d’Abraham (Psaume 105:6-9) Écoutez les paroles de votre Père (Deutéronome 6:4) Écoutez Sa promesse d’amour (Lévitique 26:42-45) Je ferai de toi une bénédiction (Genèse 12:3) Compte les étoiles si tu le peux (Genèse 15:5) Tu seras une grande nation (Genèse 12:2) Je te donnerai ce pays (Genèse 17:8)

Refrain Je vous ramènerai à la maison (Ézéchiel 11:17) Ramènerai à la maison, Oh mes enfants (Ézéchiel 36:24) Tu n’erreras plus Perdu et seul dans la nuit (Jérémie 31:22-23) Il n’y a rien sur terre qui pourra vous emporter (Jérémie 3:18) Une fois que je vous rassemble sous mes ailes (Ésaïe 11:12) Je vous ramènerai tous à la maison Encore (Sophonie 3:20)

Couplet 2 Bien que vous ayez erré comme des étrangers (Jérémie 5:19) Jusqu’aux extrémités de la terre (Ésaïe 41:9) Je vous enverrai un sauveur (Ésaïe 19:20) Je finirai mon oeuvre (Ésaïe 46:13) Vous n’avez pas pas d’autre berger Vous n’avez pas d’autre seigneur (Ésaïe 45:5) Les verts pâturages (vous) attendent En Sion une fois de plus (Ésaïe 49:8-11)

Pont Nous prions donc pour la paix (Psaume 122:6) Mais regardez vers l’Est Car le soleil se lève soudain et féroce (Zacharie 14:4) Chaque prophète et prêtre Et roi dans la ville (Zacharie 12:12-13) Regarderons Celui qu’ils ont transpercé Nous pleurerons Celui que nous avons transpercé (Zacharie 12 :10-11; Ésaïe 53 :5)

Couplet 3 Mais ne craignez pas, Ô mes filles ou fils d’Abraham Je vous laverai avec de l’eau (Zacharie 13:1) J’offrirai l’Agneau (Ésaïe 53:6-8; Genèse 22:8) Bien que vos péchés étaient écarlates Ils seront plus blancs que la neige (Ésaïe 1:18) J’ai toujours été avec vous Je ne lâcherai jamais (Deutéronome 31:8)

Outro

L’Éternel, notre Dieu L’Éternel est UN Écoute Israël (Deutéronome 6 :4)

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L’opinion exprimée dans ce billet n’engage que son auteure.

 

2 commentaires

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