Mince! C’est donc ça, être une disciple de Yeshua!? 1ère partie

J’ai vécu deux situations distinctes, qui m’ont obligée à revoir ma conception de mon statut de chrétienne. J’ai toujours considéré que mon devoir de chrétienne se résumait à croire en l’Éternel et à LE reconnaître comme El Shaddai (Genèse 17:1) et à vivre selon les enseignements de Yeshua (Jean 12:44-50). Je ne me sentais absolument pas concernée par le volet évangélisation, préférant laisser ça aux autres. En effet, très lucide sur quant au nombre de défauts dont je ne veux pas vraiment me débarrasser, je me voyais très mal aller dire aux gens: « Le temps est accompli, et le royaume de Dieu est proche. Repentez-vous, et croyez à la bonne nouvelle. » (Marc 1:15). D’ailleurs, chaque fois que j’entendais des chrétiens dire qu’il fallait prier pour « ceux qui ne sont pas sauvés », non seulement je trouvais ceci prétentieux, mais la pensée qui me traversait l’esprit était: « Ma philosophie est « Vivre et laisser vivre », alors tant que tu ne viens pas me chercher des poux dans la tête quant à mes croyances religieuses, crois ce que tu veux car je ne suis pas responsable de ton salut. » Pourtant, après sa résurrection, Yeshua a clairement dit aux 11 disciples:

« Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. » (Matthieu 28:18-20)

Oups! Mais, est-ce que ça veut dire que je dois tout quitter et aller être missionnaire à l’autre bout de la terre? Est-ce que je dois m’arrêter au coin de la rue avec une pancarte parlant de ton retour imminent? Est-ce que je dois distribuer des bibles aux bouches de métro? Est-ce que je dois parler spontanément de ma foi autour de moi, sans qu’on me le demande? En un mot: est-ce que je dois faire du prosélytisme?

Je connaissais Deb depuis peu. Elle savait que je suis chrétienne et fréquente une congrégation messianique. Elle savait aussi que ma foi fait partie de mon identité, dans la mesure où je me définis uniquement par rapport à ce que Dieu dit de moi. Hormis la fois où je lui avais expliqué rapidement ce qu’est une congrégation messianique, nous n’avions jamais vraiment discuté de religion auparavant. À vrai dire, j’avais plutôt l’impression qu’elle était athée.

Un soir, nous fûmes des auditrices involontaires de la conversation téléphonique d’un inconnu. Celui-ci parlait de la fin des temps et de ce qui découlait de ses propos, il était soit catholique (romain) ou grec orthodoxe. Une chose était certaine, c’est qu’il était un amillénariste convaincu. C’était une drôle de coïncidence que Deb et moi fussions témoins de cet échange car mon pasteur venait tout juste de clore une série d’enseignements sur le sujet. Je ne pensais pas que Deb prêtait attention à ce que le monsieur disait mais elle me demanda: « Alors, est-ce que tu es d’accord avec lui? ». Il faut savoir que l’eschatologie ne m’a jamais intéressée, quoique la série de sermons à l’église m’a fait revoir ma position sur la question. C’est ce que je répondis à Deb, en ajoutant que selon les sermons entendus à l’église, la position de l’inconnu serait erronée.

L’inconnu ayant parlé du temple de Jérusalem lors de son coup de fil, Deb commença alors à me poser des questions sur le Temple et le fait qu’il ne soit toujours pas reconstruit, l’origine et la signification du mot « juif« , la définition duTalmud, si les juifs avaient tué Yeshua, etc. J’étais vraiment surprise qu’elle s’intéresse à ces questions mais elles tombaient à pic. En effet, deux jours avant notre conversation, j’avais acheté quelques livres sur le judaïsme du second temple et l’émergence du christianisme. J’étais donc en mesure de répondre à certaines des interrogations de Deb. Aimant beaucoup l’histoire, je trouvais la discussion passionnante. En outre, j’appréciais comment sa curiosité illustrait mes lacunes sur certains aspects de l’histoire du christianisme. De fil en aiguille, les questions de Deb s’orientèrent vers le contenu de la Bible et des soi-disant affirmations doctrinales chrétiennes.

En vrac, elle parla des points suivants:

  • « La Bible dit que la femme doit adorer son mari »;
  • « La Bible est sexiste »;
  • Les guerres de religion;
  • « Les chrétiens disent que si tu ne crois pas en Jésus, tu vas aller en enfer »;
  • « Oui, mais qui dit qu’Adam et Ève ont existé? » (en rapport avec le créationnisme et la théorie de l’évolution);
  • « Donc, l’autochtone qui n’a fait du mal à personne et qui vit selon ses propres croyances ira en enfer parce qu’il ne croit pas en Jésus? »
  • « Oui, mais si le musulman et toi croyez que Dieu est le seul Dieu, pourquoi est-ce que le christianisme est la seule religion qui détient la vérité? »

À ce moment, je commençai à ressentir une vive irritation en moi car non seulement je ne supporte pas la désinformation (de quelque nature, source ou forme), mais quelque part, j’avais carrément l’impression qu’elle attaquait mon Dieu et lui attribuait des propos qu’IL n’a jamais proférés. En plus, je me disais: « Mais, ça ne va pas de vouloir me faire porter à moi l’Africaine, le poids de ces discours dévoyés que les colons  ont utilisé la Bible comme justification à leur n’importe quoi, juste parce que je suis chrétienne? ». J’avais aussi l’impression qu’elle voulait me prendre en défaut, car à chaque contre-argument que je lui apportais, elle me sortait une autre soi-disant vérité universelle et éculée sur les travers ou dangers du christianisme, encore plus saugrenue que la précédente. Je commençais à vraiment me fâcher parce qu’il me semblait qu’elle se faisait le chantre de toute cette intelligentsia, qui s’imagine que les croyants sont littéralement des moutons sans une once de jugeote et que toute personne dotée de raison ne peut pas croire en l’existence de Dieu. Je pris alors une profonde inspiration et pria: »Esprit saint, aide-moi à donner les bonnes réponses, celles qui honorent Dieu. »#thisaintaboutme

Je détaillerai dans un autre billet les réponses que j’ai apportées aux différentes questions de Deb. Concernant celles sur l’enfer, je lui demanda d’abord sur un air amusé et confus: « Si tu ne crois pas en Dieu ou ce que dit le christianisme, qu’est-ce que ça peut te faire qu’il existe un enfer ou pas; surtout, en quoi les conditions d’accès à cet endroit te concernent? » Deb me répondit qu’elle croyait que quelque chose se passait après la mort. J’avoue que ma pensée intérieure immédiate fût: « OK! Mais pourquoi est-ce que tu veux déterminer les conditions d’accès à un endroit que tu n’as pas créé? C’est à toi de t’adapter et de respecter les règles et non l’inverse. » Elle poursuivit en relatant qu’une de ses connaissances chrétiennes lui aurait soutenu mordicus que même si tu faisais de bonnes choses, tu irais en enfer si tu ne connaissais pas Yeshua. Il semblait ressortir des propos de l’interlocuteur de Deb qu’il suffisait d’être « chrétien » pour être assuré que l’on ne finirait pas dans les flammes de l’enfer. Je lui ai dit beaucoup de « chrétiens » se faisaient les perroquets de leurs prêtres, pasteurs et compagnie, sans même avoir pris la peine de se rendre compte que leurs comportements, attitudes et propos sont à l’encontre des enseignements du Messie.

Petit aparté: Franchement, pensez-vous que tous ces « chrétiens » qui ont allègrement tué, massacré, violé, colonisé, hommes, femmes et enfants au cours de l’histoire et même aujourd’hui, et qui sont morts sans se repentir de leurs actions comme Manassé (2 Rois 21:18; 2 Chroniques 33:1-20), seront sans coup férir au paradis juste parce qu’ils avaient accepté Yeshua comme leur sauveur? Je ne crois pas en cette théologie et elle n’illustre absolument pas le Dieu qui est décrit dans la Bible. Je sers un Dieu juste, qui n’a pas épargné à David la conséquence de ses péchés envers Urie même s’IL avait pardonné à David (2 Samuel 12:7-14), l’homme d’après son cœur et à qui IL a promis que le Messie viendrait de sa lignée (2 Samuel 7:12-16). Même s’IL est lent à la colère, débordant de miséricorde, quand IL pardonne et dit: « Va et ne pèche plus » (Jean 8:11), IL ne le dit pas dans le vide pour que les gens se croient donné un blanc-seing éternel leur garantissant une place au paradis, pendant qu’ils persévèrent dans le mal. (Matthieu 13:47-50)

Deb revint à la charge et me demanda sur un ton irrité (elle pensait que je tournais autour du pot) si je croyais que l’autochtone qui ne croyait pas en Yeshua, irait en enfer. Je lui rétorquai spontanément et en toute sincérité: « Mais s’il ne connaît pas Jésus, c’est son problème. Qu’est-ce que tu veux que ça me fasse? » Au moment où ces mots franchirent mes lèvres, je me sentis remplie de honte. Complètement effarée, je m’entendis dire aussitôt à Deb: « Je ne suis pas en train de répondre ce que je devrais dire en tant que chrétienne. Oh, mon Dieu! » En effet, non seulement, je pris conscience du désintérêt total que j’avais pour les gens qui ne croyaient pas en Yeshua, mais aussi que mon attitude n’était absolument pas celle d’une disciple. Éprise de liberté, j’avais toujours cru que ma vision des choses représentait juste ma façon de respecter les opinions et les croyances des autres. Mais en réalité, ce qui sous-tendait mon raisonnement, se rapprochait plus de:  » Moi, je sais qui est Yeshua. Je sais qu’IL guérit, qu’IL défend, qu’IL pourvoit, qu’IL protège, je l’ai vécu. Mais je préfère garder cette bonne nouvelle pour moi. » Je n’y avais jamais songé mais je faisais preuve d’égoïsme et d’un manque d’amour et d’intérêt sans bornes envers  les personnes ne connaissant pas le Messie. Même Deb le perçut dans mon ton avant même que mon cerveau n’enregistra le sens de mes propos.

Après que j’eusse répondu aux autres questions de Deb, elle m’avoua enfin qu’elle connaissait plus ou moins certains aspects doctrinaux du christianisme, puisqu’elle avait suivi des cours de catéchisme quand elle était enfant. Elle me révéla qu’elle pensait qu’il existe quelque chose de plus fort que les êtres humains et qui est à la barre de ce monde. Je me rendis soudainement compte qu’elle posait des questions car elle était dans une quête de vérité et non pas parce qu’elle voulait attaquer ma foi. Deb essayait juste de faire la part des choses. C’est à ce moment que j’eus ma seconde révélation de la soirée: lorsque l’on se dit être un disciple de Yeshua, il faut être préparé à devoir parler, à n’importe quel moment, de ce que l’on sait et de ce que l’on croit.

« Mais sanctifiez dans vos coeurs Christ le Seigneur, étant toujours prêts à vous défendre, avec douceur et respect, devant quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous, et ayant une bonne conscience, afin que, là même où ils vous calomnient comme si vous étiez des malfaiteurs, ceux qui décrient votre bonne conduite en Christ soient couverts de confusion. » (1 Pierre 3:15-16)

Combien de personnes sont comme Deb, ayant reçu une éducation chrétienne de base ou aucune,  mais qui ont déjà amorcé un processus de réflexion sur l’existence de Dieu, son identité, etc? Ils ne savent pas où trouver des réponses à leurs questionnements et n’osent pas (ou ne peuvent pas) souvent avouer à haute voix qu’ils ont de telles réflexions. Vers qui vont-ils se tourner en premier pour obtenir des réponses? Bah, les chrétiens qu’ils connaissent ou croisent.

« Ayez au milieu des païens une bonne conduite, afin que, là même où ils vous calomnient comme si vous étiez des malfaiteurs, ils remarquent vos bonnes oeuvres, et glorifient Dieu, au jour où il les visitera. » (1 Pierre 2:12)

Plus tard cette nuit, j’offris une bible à Deb. Comme par hasard, je venais tout juste d’acheter une bible pour le bureau. Je n’en revenais pas que je me retrouvais à donner une bible à je connaissais à peine. Elle était d’abord très réticente à la recevoir et tout son langage non verbal semblait dire: « Hors de question de me faire laver le cerveau en lisant ce livre! Voilà qu’elle essaie maintenant de me convertir. »

Pourquoi est-ce que je lui remis un exemplaire de la Bible? Parce que je voulais qu’elle aille lire elle-même ce livre, qu’elle se fasse sa propre idée tout en tenant compte du contexte littéraire, historique et culturel, plutôt que de répéter des choses fausses sur son contenu.

Deb accepta le livre, ne s’engageant pas à le lire immédiatement. Peu importe, j’eus l’impression lorsque l’on se quitta que j’avais accompli ce que j’étais supposée faire à son égard. Dans la deuxième partie, j’aborderai la seconde « embuscade » évangélique dans laquelle je me suis retrouvée.


L’opinion émise dans ce billet n’engage que son auteure.

 

 

4 commentaires

Répondre à Que celui qui n’a jamais eu une crise de foi, jette la première pierre! – B'Lev Sameach – Avec un coeur joyeux Annuler la réponse

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