L’exaucement qui semble ne jamais arriver (Proverbes 13:12) – 1ère partie

« Un espoir différé rend le cœur malade, Mais un désir accompli est un arbre de vie. » (Proverbes 13:12)

Langston Hughes, un poète américain, a écrit un poème intitulé Harlem dans lequel il met en scène une série d’interrogations sur ce qui arrive à un rêve dont on ne voit pas venir l’accomplissement. Une traduction française de ce poème pourrait être:

Dried raisins

Qu’arrive-t-il à un rêve différé?

S’assèche-t-il comme un raisin au soleil?
Ou s’infeste-t-il comme une plaie
Et s’écoule?

Pue-t-il comme de la viande pourrie?
Ou s’encroûte-t-il et déborde de sucre
Comme une friandise sirupeuse?

Peut-être qu’il pend juste
Comme une lourde charge.

Ou explose-t-il?

Peut-être que vous faites plutôt comme le renard dans la fable de La Fontaine? Vous décidez tout d’un coup que votre rêve n’en valait pas la peine en le dénigrant.

Le renard et les raisins
Drawing of Virgil Solis (+ 1562), De la Fontaine: Fables – Wikimedia Commons

Leaked BatteryJ’ai lancé ce blogue afin d’encourager les femmes chrétiennes qui vivent des épreuves. On pourrait donc penser que je suis désormais passée de l’autre côté de la rive, celle où je peux crier haut et fort que toutes mes prières requêtes ont enfin été exaucées par Dieu. Que nenni! Il arrive encore des jours, des semaines où je suis éperdue de douleur parce que je constate que je suis encore dans l’attente de l’accomplissement de certains rêves, l’exaucement de certaines prières. Je réagis exactement comme dans le poème de Langston. J’explose alors comme une pile usagée.

Pendant longtemps, je fonctionne bien et puis…. Le diable fait la bamboula dans ma tête, mais je dois l’avouer avec mon consentement. Je pleure, je crie… Je ne veux pas m’approcher de Dieu car je suis convaincue que ça ne sert rien: qu’IL parle, parle, parle; qu’IL promet, promet, promet; qu’IL fait du favoritisme… Je me laisse avoir comme Ève au jardin d’Eden. « T’as-t-il dit ça? Ah oui? M’enfin, regarde ta vie… et celle des autres? »

Pourtant, il existe une vérité immuable: on ne peut pas changer qui Dieu est. Peu importe la soi-disant légitimité de nos récriminations, on ne peut pas dénaturer qui IL est: bon, fidèle, riche de miséricorde.

L’Éternel descendit dans une nuée, se tint là auprès de lui, et proclama le nom de l’ÉternelEt l’Éternel passa devant lui, et s’écria: L’Éternel, l’Éternel, Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélitéqui conserve son amour jusqu’à mille générations, qui pardonne l’iniquité, la rébellion et le péché, mais qui ne tient point le coupable pour innocent, et qui punit l’iniquité des pères sur les enfants et sur les enfants des enfants jusqu’à la troisième et à la quatrième génération! (Exode 34:5-7)

Quand je suis déprimée (ou carrément dépressive), je demande à Dieu ce qu’il fait vraiment de mes larmes (Psaume 56:8et de goûter mon amertume, car j’ai l’impression qu’IL ne comprend pas l’urgence de ma situation. Je deviens sourde à la voix de l’Esprit, je n’arrive plus à lire toutes les promesses de l’Éternel que j’ai consignées par écrit, je ne veux même plus voir ma Bible. Je deviens aveugle et insensible au fait que je suis actuellement sous la protection de Dieu, qu’IL m’a quand même dans le creux de sa main (Ésaïe 49:16). Pourtant, n’ai-je pas après tout (de nouveau) un toit, de quoi me nourrir et me vêtir? Non! Quand le tsunami de doute et d’impatience me submerge, ce n’est que murmures après murmures contre l’Éternel. Je sombre dans un puits d’impatience et d’incrédulité et je me révolte violemment contre Dieu.

IL devient mon débiteur et je suis désormais sa créancière. Tout ce que j’ai en tête, c’est ce que j’estime que Dieu aurait dû enfin me donner et que je n’ai toujours pas. Je n’entends plus en boucle que la voix de l’accusateur ou de celles de proches qui sont ses porte-paroles sciemment ou inconsciemment:

  • Tu es toujours là à dire « Jésus, Jésus », où en est-tu?
  • S’en remettre à Dieu? Mais c’est naïf, ce que tu dis.
  • Mais regarde telle, elle a tout eu, elle prie aussi, c’est que tu dois avoir mauvais cœur, que tu n’es pas assez humble, révérencieuse vis à vis de Dieu.
  • Est-ce que tu es sûre que Dieu t’a fait cette promesse?
  • Peut-être que ce que tu as en ce moment, c’est tout ce que Dieu a prévu de te donner.
  • Tu t’es fait avoir; regarde les autres ne font rien et ont tout ce que tu désires.
  • C’est dans cette attente que la mort viendra te trouver. Tu te seras fait avoir par Dieu.

Que faire lorsque tu es une femme qui désespère depuis des années d’avoir un enfant et que l’horizon de la ménopause paraît de plus en plus proche? Que faire lorsque tu es étranglée par les dettes, que le propriétaire te poursuit pour le loyer, que les agences de recouvrement te harcèlent ou que tu ne sais pas comment tu vas nourrir tes enfants? Que faire quand tu as envoyé des CV partout et que tu n’arrives toujours pas à trouver du travail? Que faire quand tu as suivi à la règle le manuel de la « bonne petite chrétienne » et que tu es encore célibataire? Comment réagir face au barrage de pensées démoralisantes qui se dresse dans votre esprit pour vous dire en fin de compte qu’il n’y a plus d’espoir?

Je ne possède pas la panacée mais je vais partager avec vous, ce que l’Esprit saint fait pour moi quand je suis sur le fil de l’incrédulité:

  • j’écoute une liste musicale chrétienne créée automatiquement par Spotify et basée sur mes goûts;
  • je regarde sur YouTube des vidéos portant sur des enseignements chrétiens, des témoignages de personnes qui ont surmonté des épreuves ou sont devenues des disciples du Christ. J’écoute aussi parfois écoute la Bible en version audio pendant que je fais le ménage pour me changer les idées;
  • je fais des recherches sur ce qui me préoccupe: « murmures contre Dieu… »;
  • Je me souviens que, quoique je dise, peu importe mes accusations, je ne peux pas changer qui est Dieu.

Je me surprends ensuite à constater que je réémerge de mon spleen.

Il y a quelques semaines, j’étais encore dans l’une de mes phases de récrimination contre l’Éternel. J’avais une frustration et une colère pareille à celle d’une enfant, sage pendant toute l’année dans l’espoir de découvrir le cadeau de ses rêves sous le sapin de Noël et qui constate qu’il n’y a absolument rien pour elle. Tout mon être n’était que douleur. Mais Lamentations 3 m’est venu en tête pendant que je dormais, notamment le verset 25.

Absinthe
Absinthe – Semnoz, Wikimedia Commons (Segond 21, note de bas de page Lm 3:15, « plante très amère, mentionnée avec le poison; elle exprime aussi un sentiment douloureux ou un ressentiment causé par une souffrance.

Et j’ai dit: Ma force est perdue, Je n’ai plus d’espérance en l’Eternel! Quand je pense à ma détresse et à ma misère, A l’absinthe et au poison; Quand mon âme s’en souvient, Elle est abattue au dedans de moi. Voici ce que je veux repasser en mon cœur, Ce qui me donnera de l’espérance. Les bontés de l’Eternel ne sont pas épuisées, Ses compassions ne sont pas à leur terme; Elles se renouvellent chaque matin. Oh! que ta fidélité est grande! L’Eternel est mon partage, dit mon âme; C’est pourquoi je veux espérer en lui. L’Eternel a de la bonté pour qui espère en lui, Pour l’âme qui le cherche. Il est bon d’attendre en silence Le secours de l’Eternel. (Lamentations 3:18-26)

Lorsque je me suis réveillée, j’ai relu le chapitre en entier, j’ai repensé à mon attitude… inacceptable et injustifiée (Exode 16-17). Je me suis rendu compte que je n’avais que très rarement vécu dans l’instant présent. J’ai toujours été portée vers l’avenir avec un message latent de « Je profiterai plus de la vie, une fois que j’aurai ceci. » Cependant, j’ai compris, en ce qui me concerne, que cette manière de voir les choses est une forme d’incrédulité, de doute de la fidélité de Dieu et de Sa propension à tenir parole. C’est comme si je disais: « TU m’as fait des promesses mais je TE croirai quand je verrai de mes propres yeux leur concrétisation. En attendant, je vais vivre une vie sous verrou en attendant que TU me donnes ce que tu m’as promis. » Gonflé, n’est-ce-pas vis à vis de Dieu? Mais aussi complètement stupide parce que les jours, mois et années passés à ne pas attendre dans la joie et la certitude d’avoir déjà obtenu ce qui a été promis, je ne pourrai jamais les récupérer.

Je finis avec la chanson qui m’a sortie de ma dernière crise de déprime. La musique adoucit vraiment les mœurs; ce n’est pas surprenant qu’il n’y ait que ça qui pouvait apaiser momentanément le roi Saul. Par ailleurs, l’ennemi ne supporte pas la louange alors… (1 Samuel 16:16-23)

 

2ème partie


L’opinion émise dans ce billet n’engage que son auteure.

 

 

 

 

 

 

3 commentaires

  1. Merci pour ta note qui m’a réconfortée ce matin. J.attends depuis des années des promesses de Dieu et aujourd’hui j’en suis à me demander si vraiment j’ai bien entendu. Si je fais bien d’attendre.

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    • Bonjour,

      Merci pour votre commentaire qui est aussi tombé à point nommé! En effet, j’avais aussi besoin de relire ce billet. Que faire en l’absence de dates butoirs d’exaucement d’une promesse ou d’accomplissement d’un rêve? J’ai fini par comprendre qu’une promesse est un encouragement à persévérer, à ne pas lâcher prise quand surviendront des obstacles. Il faut donc savoir se mettre en marche vers l’accomplissement de sa promesse, c’est-à-dire poser des actions qui nous feront voir in fine la vision transformée en réalité. Bien sûr, tout dépend du type de promesse reçue. Une personne célibataire à qui on fait une prophétie au sujet d’un futur enfant, ne va pas aller en concevoir un avec le premier venu. Toutefois, je ne pense pas non plus que ça signifie qu’elle doit rester cloitrée chez elle, en espérant rencontrer quelqu’un. Quelqu’un qui recevrait un diagnostic de cancer ne va pas s’abstenir de suivre un traitement (à moins que le Seigneur ne le lui ai révélé de manière incontestée de ne pas le faire). Non, ce que la promesse de guérison signifie est que les médecins s’apercevront quand ils feront plus tard des examens, qu’il n’y a plus de lésions cancéreuses.
      Je ne sais pas pour quel type de promesse, vous attendez ENFIN un accomplissement et je ne saurais à vrai dire, quoi vous répondre pour vous réconforter en ce moment, puisque je me demande parfois comme vous « si j’ai bien entendu ». Par contre, je vais vous révéler ce que je fais en ce moment comme prière quand je suis à bout : je demande un peu de foi à l’Esprit saint, pas beaucoup, juste un tout petit peu de foi de la taille d’un grain de sénévé. Sans foi, il est impossible de plaire à Dieu? Sans foi, il est impossible d’avancer dans l’obscurité.

      Puisse votre foi être renouvelée constamment, afin que vous ne défailliez point!

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Répondre à L’exaucement qui semble ne jamais arriver (Ézéchiel 12:21-28) – 2ème et dernière partie – B'Lev Sameach – Avec un coeur joyeux Annuler la réponse

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