Et si Dieu vous venait en aide, via une personne insignifiante? – 2ème et dernière partie

Afghan girl
Jeune réfugiée afghane – Steve McCurry, National Geographic, Juin 1985

(3) elle était de sexe féminin: elle fait partie du sexe faible, elle ne peut pas comprendre certaines choses, elle ne devrait même pas parler, etc.

Avouons que dans certaines cultures dans le monde et même certaines églises, la femme est considérée soit comme une enfant, soit comme une infâme séductrice dont il faut se méfier et qui n’a quasiment pas voix au chapitre. Des versets de la Bible sont souvent cités en dehors de leur contexte littéral, historique ou culturel, pour justifier le musellement de la gent féminine, parfois même une certaine méfiance envers elle (Genèse 3:16; Proverbes 7; Ecclésiaste 7:26-28; 1 Timothée 2:11-12; 2 Timothée 3:6; 1 Pierre 3:7). Hormis le fait que Jésus n’a jamais méprisé une femme alors qu’il était un rabbin dans une société très patriarcale (Jean 4:7-27; Jean 8:1-11; Luc 7:36-50), devrais-je rappeler que Dieu s’est choisi à un moment donné de l’histoire d’Israël, une femme comme Juge (nom donné aux chefs du peuple d’Israël au cours de la période qui se situe entre la mort de Josué et la désignation de Saul comme premier roi d’Israël)? (Juges 4:4). La Bible nous révèle à divers endroits que certaines femmes étaient des prophétesses avérées de l’Éternel (Exode 15:20; Juges 4:4-5; Ésaïe 8:3; Luc 2:36) au milieu d’un peuple qui nous est présenté d’un point de vue historique (et même biblique) comme étant essentiellement patriarcal. Est-ce que le peuple méprisait la pertinence du message apporté par ces femmes, car prononcé par des personnes de sexe féminin? (2 Rois 22:13-20).

(4) elle était une petite fille: Dans ma culture d’origine, une petite fille qui a l’outrecuidance de s’adresser à un adulte pour lui recommander quelque chose, peut se voir rétorquer un vibrant : « Quoi? Toi, une peeetiiite qui est née hier et dont la langue sent encore le lait maternel, tu oooses venir me donner un conseil? Les enfants d’aujourd’hui, vraiiiment! Tchip! »

Que connaissait vraiment cette petite esclave de la vie après tout? Que savait-elle du calvaire que vit un lépreux, surtout quand il s’agit d’un homme important?

Jésus a dit : « Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants » (Matthieu 11:25; LSG). Le mot grec « nepios » qui a été traduit par « enfants », signifie « mineur », « ignorant ». L’esclave israélite était certes une petite fille, mais elle était sage (Proverbes 20:11), car non seulement, elle connaissait l’Éternel, elle le craignait (Proverbes 1:7) et savait que rien ne lui était impossible (Matthieu 19:26).

(5) elle était esclave: y’a-t-il quelque chose à apprendre de quelqu’un qui nous est assujetti, sur lequel nous exerçons une quelconque autorité ou que nous jugeons inférieur à nous pour une raison quelconque?

Nous sommes nombreux à penser que l’occupation d’un poste de responsabilité est un signe de consécration indéniable de notre supériorité intellectuelle et/ou de notre ascendant spirituel sur les autres. Est-ce possible que nous ne soyons pas aussi infaillibles que nous le pensons et qu’en fait, nos subordonnés peuvent voir ou savoir des choses que nous ne connaissons pas? Sacrilège!

Lorsqu’on continue à lire l’histoire de Naaman dans 2 Rois 5, on constate qu’après avoir effectivement suivi le conseil de la petite fille et s’être donc rendu en Samarie pour consulter Élisée quant à sa lèpre, il se retrouve de nouveau dans une situation où il reçoit un conseil non sollicité d’une personne qui lui est subordonnée (2 Rois 5:13). Le général syrien décide de nouveau de faire preuve d’humilité et applique donc le conseil. Qu’en retire-t-il comme récompense? Au-delà de la guérison, il fait la rencontre de l’Éternel (2 Rois 5:14-15). Et tout ceci a commencé avec le conseil non sollicité d’une petite fille esclave israélite! Est-ce qu’un tel évènement ne vaut pas tous les conseils, avis ou remarques non sollicités de personnes dont l’apparence ou la condition sociale ne nous dit rien qui vaille?

La Bible nous dit que Dieu nous parle de plusieurs manières, mais que nous n’y prenons pas garde (Job 33:14-18). Que ce soit par des songes, une ânesse (Nombres 22:28-30), un ange, des prophètes ou en personne (Exode 3:4-6), les humains que nous sommes ne savons pas reconnaître les manifestations de Dieu, car elles ne revêtent pas un certain apparat à nos yeux (Ésaïe 53:2-3). L’Ancien Testament est parsemé de récits de certains personnages bibliques ayant croisé des inconnus qu’ils ont toujours eu la sagesse de traiter avec courtoisie avant de se rendre compte qu’il s’agissait d’anges de Dieu (Genèse 19:1-22; Hébreux 13:1-2). Ouf! Imaginez ce qui serait arrivé s’ils avaient le réflexe de se comporter comme nous le faisons souvent aujourd’hui, c’est-à-dire faire preuve d’aucun égard pour toute personne ne faisant pas partie de notre cercle d’intimes ou que nous ne jugeons pas digne de notre présence. En utilisant nos yeux hautains que Dieu a en horreur (Proverbes 21:4), ne risque-t-on pas de passer à côté de choses qu’IL veut nous révéler?

Nadia Murad
Nadia Murad, Prix nobel de la paix 2018, Yézidie irakienne devenue esclave sexuelle de l’État islamique à 21 ans (25 ans sur la photo)- Source: United States Government Works (US Department of State) – Flickr

Il existe au moins un dicton populaire, dans toutes les cultures du monde, qui recommande de ne pas s’arrêter aux apparences. Cette mise en garde est d’autant plus importante que nous servons et sommes sous la direction d’un Dieu de révélation, qui aime utiliser les plus petits pour confondre les sages (1 Corinthiens 1:27-29). Dieu se révèle aux humbles (Jacques 4:6) et notre humilité se mesure à l’aune de la manière dont nous traitons celui ou celle qui ne paie pas de mine, peu importe son apparence juvénile, ses vêtements peu reluisants, etc. (Matthieu 22:39). Ne pensons pas qu’âge rime toujours avec sagesse et que les séquelles d’une vie âpre ou d’abus se lisent toujours sur le visage! D’ailleurs, alors qu’il était chargé d’oindre le futur roi d’Israël, Dieu n’a-t-il pas fait ce rappel au prophète Samuel : « […] l’Éternel n’a pas le même regard que l’homme: l’homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l’Éternel regarde au cœur. »? (1 Samuel 16:7)

Il était 16h30 lorsque j’ai fait la connaissance de Serge et il buvait de l’alcool pour oublier sa peine. En effet, il venait de passer 2 jours en prison puis 4 autres dans un établissement de santé mentale. Il m’a confié avoir pleuré la veille de notre rencontre, puis écouté la chanson de Daniel Guichard. Je lui ai demandé s’il croyait en Dieu. « Bien sûr » m’a-t-il répondu.


L’opinion émise dans ce billet n’engage que son auteure.

 

Un commentaire

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire le pourriel. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.