L’agneau pascal

 

À partir du crépuscule du soir en ce 31 mars 2023 jusqu’à celui du 1er avril, ce sera le 10 Nisan le jour où l’agneau pascal âgé d’un an maximum et sans défaut, était mis de côté jusqu’au 14 Nisan, jour où il devra être immolé. C’est aussi la commémoration du jour où Yeshua a fait son entrée triomphante à Jérusalem, à dos d’ânon et sous les acclamations de la foule (Matthieu 21 :1-9 ; Marc 11 :1-10 ; Luc 19 :29-40 ; Jean 12 :12-19 ; cf. Ésaïe 62 :11 ; Zacharie 9 :9).

“Hoshia na! Baruch haba b’shem Adonai!”
(Sauve-nous! Béni soit Celui qui vient au Nom du Seigneur!)

 

Nous sommes désormais à quelques jours des fêtes de Pessa’h (la Pâque juive) et de Pâques. C’est donc l’occasion de se pencher sur les liens qui existent entre ces deux célébrations, notamment parce que de plus en plus de croyants non juifs, et pas nécessairement adhérents du judaïsme messianique, décident de célébrer la fête de Pessa’h dans un désir de renouer avec les racines juives du christianisme. La capsule « Heure H » d’aujourd’hui traitera des modalités d’immolation des agneaux destinés à la commémoration de Pessa’h à l’époque de Yeshua.

Pourquoi ai-je décidé de rédiger cette publication ainsi que la prochaine sur le dernier repas de Yeshua ? Parce que certaines voix, comprenant à la fois des croyants et non-croyants, soutiennent que ce souper n’était pas un Seder, c’est-à-dire un vrai repas de célébration de Pessa’h mais plutôt un repas ordinaire. Soit ! Mais est-ce si important pour les croyants de savoir si c’est le cas ou pas, mais surtout d’être en mesure de soulever de solides contre-arguments face à de tels doutes ? « Oui, à mon humble avis » parce qu’au-delà de l’aspect apologétique chrétienne qui trouve son origine dans 1 Pierre 3 :15 et sans même être des enseignants de la Parole, je reste convaincue que les croyants devraient être en mesure de répondre à certaines objections en ne s’appuyant pas seulement sur une foi de charbonnier. Par exemple, face à des athées qui émettent des doutes quant à des vérités bibliques, il ne sert très souvent à rien de leur montrer un verset pour étayer notre position puisqu’ils pensent que la Bible est un livre rempli de fables. En outre, ce qui peut paraître dans une discussion comme une attaque envers notre foi n’est souvent qu’une curiosité sincère exprimée de manière maladroite. Alors, afin de répondre à nos interlocuteurs  « dans l’espérance que Dieu leur donnera la repentance pour arriver à la connaissance de la vérité » (2 Timothée 2 :25), il est important d’en savoir un peu sur le contexte culturel, historique, religieux et souvent littéral de faits rapportés dans les Écritures.

Or, il ne faut pas qu’un serviteur du Seigneur ait des querelles; il doit, au contraire, avoir de la condescendance (epios) pour tous, être propre à enseigner, doué de patience;  (2 Timothée 2:24)

ATTENTION : Certaines versions françaises de 2 Timothée 2 :24 traduisent le mot grec « epios » par « condescendance », conformément à son étymologie latine chrétienne « condescendere » qui veut dire « descendre au même niveau ». Toutefois, « epios » signifie plutôt « douceur, affabilité, amabilité »

Bien qu’en tant que disciples de Yeshua, les écrits rabbiniques ainsi que les livres apocryphes ne servent pas de fondements doctrinaux à notre foi, ils constituent tout de même une mine précieuse d’informations cultuelles et historiques relatives à la célébration des fêtes juives au premier siècle de notre ère.

 

Afin de mieux comprendre les évènements survenus une certaine journée du 14 Nisan, pendant le règne de Tibère, alors que Ponce Pilate était gouverneur de la Judée, Yosef ben Caiaphas (dit Caïphe) était le grand-prêtre à Jérusalem et Hérode Antipater était tétrarque de la Galilée (Luc 3 :1-2 ; cf. Tacite, Les Annales (Ab excessu diui Augusti), 15.44 ; Flavius Josèphe, Les Antiquités judaïques, 18.2.2), commençons par examiner la façon dont les jours et les heures étaient comptés par les juifs à l’époque du 2d Temple.

Le crépuscule du soir marquait à la fois la fin d’une journée et le commencement du jour suivant, celui-ci s’achevant au prochain coucher du soleil. En effet, contrairement aux us et coutumes romains, une journée selon le calendrier juif se composait donc d’une nuit et d’un jour (et non d’un jour et d’une nuit), conformément à ce que nous apprend le récit de la création.

« Dieu appela la lumière jour, et il appela les ténèbres nuit. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le premier jour. » (Genèse 1:5)

Ce mode de computation est d’ailleurs encore en vigueur, puisque pour le sabbat, celui-ci débute le vendredi soir au crépuscule et s’achève le samedi au coucher du soleil pour les juifs alors que les non-juifs ont tendance à faire correspondre ce jour uniquement à la journée du samedi.

La méthode de fractionnement d’une journée donnée était aussi différente de celle à laquelle nous sommes habitués aujourd’hui. Au premier siècle de notre ère, les juifs divisaient la partie diurne d’une journée en 12 périodes, le lever du soleil marquant le point de départ du décompte.

« Jésus répondit: N’y a-t-il pas douze heures au jour? » (Jean 11:9 ; cf. aussi Parabole des ouvriers de la onzième heure, Matthieu 20:1-16)

 

Époque du second Temple Correspondance avec les unités de temps contemporaines
Point de départ : lever du soleil 6 :00
1re heure 7 :00
3e heure 9 :00
6e heure 12 :00 (midi)
9e heure 15 :00
11e heure 17 :00

En ce qui concerne la nuit (c’est-à-dire de 18 :01 à 5 :59) et avant le début de l’occupation romaine en 63 av. J.-C., les juifs divisaient plutôt la nuit en 3 veilles de 4 heures :

  • commencement des veilles (du coucher du soleil à 22 :00), cf. Lamentations 2 :19 ;
  • veille du milieu (de 22 :00 à 2 :00 du matin), cf. Juges 7 :19 ;
  • veille du matin (c’était la dernière veille, entre le chant du coq et le lever du soleil), cf. Exode 14 :24; 1 Samuel 11 :11.

Après le début de l’occupation romaine, une nouvelle subdivision a été adoptée. La nuit était désormais répartie en 4 périodes de tour de garde militaire (Marc 13 :35). Chaque garde s’achevait respectivement à 21:00, 00 :00 (minuit), 3:00 et 6:00.

Époque du second Temple Correspondance avec les unités de temps contemporaines Références bibliques
Ordre de la veille Nom
1re veille Veille du soir 18 :00 à 21 :00
2e veille Veille de minuit (ou du milieu de la nuit) 21 :00 à 00 :00 Marc 12 :38
3e veille Veille du chant du coq (ou de la fin de la nuit) 00 :00 à 3 :00
4e veille Veille du matin 3 :00 à 6 :00 Matthieu 14 :25

Or les Romains estimaient qu’une journée se divisait en deux périodes égales de 12 heures (ce que nous continuons à faire) :

  • De 00 :00 (minuit) à 12 :00 (midi) ;
  • De 12 :01 à 23 59. (cf. Pline l’Ancien, Histoire naturelle (Naturalis Historia), 2 :77)

En résumé, à l’époque de Yeshua, chaque jour du calendrier juif chevauche deux jours différents du calendrier romain et vice-versa.

Quel est le lien entre toutes ces informations sur la mesure du temps par les Juifs et Romains du 1er siècle, la date de Pessa’h et la fête de Pâques célébrée par les chrétiens? En fait, elles permettent de mieux comprendre dans son contexte approprié, la chronologie des évènements qui se sont succédé, depuis l’institution de la Communion à la résurrection du Messie.

LA SÉLECTION DE L’AGNEAU À IMMOLER À L’ÉPOQUE DE YESHUA

En commémoration du passage de l’Éternel « au-dessus des maisons des enfants d’Israël en Égypte » et surtout parce que l’Éternel en a fait une prescription perpétuelle pour le peuple juif (Exode 12 :14 ; Lévitique 23 :5), ses membres sacrifiaient et mangeaient jusqu’à l’an 70 (année de la destruction du 2d Temple), un agneau sans tache d’un an (Korban Pessa’h) appelé par métonymie en français, la pâque (Exode 12 :1-28). L’agneau pascal devait être sélectionné et mis à part, le 10e jour du premier mois. Il devait ensuite être conservé jusqu’au 14e jour « et toute l’assemblée d’Israël l’immolera entre les deux soirs (bein ha-arbayim ים ִבָּרְעַה ָבין). » (Exode 12 :1-6 ; Lévitique 23 :5 ; Nombres 9 :3-5). L’agneau était mangé aussitôt le même soir, c’est-à-dire vers la fin de la journée du 14 Nisan (Exode 12 :8).

À quel intervalle de temps correspond exactement l’expression « entre les deux soirs » (bëyn ha’ar-ba-yim ים ִבָּרְעַה ָבין) ?

À l’époque du 2d Temple, il était considéré que le soleil se levait vers 6 :00 et atteignait son zénith à 12 :00, puis entamait sa descente à partir de midi jusqu’au crépuscule du soir fixé à 18 :00. Ainsi, en ce qui concerne l’interprétation de l’expression « entre deux soirs », le premier soir débutait au moment où le soleil amorçait sa descente vers l’ouest soit à 12 :01 tandis que le deuxième soir correspondait au coucher du soir, c’est-à-dire 17 :59. « Entre deux soirs » correspond donc à l’intervalle de temps entre 12 :01 et 17 :59

Heure et lieu d’immolation des agneaux

« Observe le mois des épis, et célèbre la Pâque en l’honneur de l’Éternel, ton Dieu; car c’est dans le mois des épis que l’Éternel, ton Dieu, t’a fait sortir d’Égypte, pendant la nuit. Tu sacrifieras la Pâque à l’Éternel, ton Dieu, tes victimes de menu et de gros bétail, dans le lieu que l’Éternel choisira pour y faire résider son nom. Pendant la fête, tu ne mangeras pas du pain levé, mais tu mangeras sept jours des pains sans levain, du pain d’affliction, car c’est avec précipitation que tu es sorti du pays d’Égypte : il en sera ainsi, afin que tu te souviennes toute ta vie du jour où tu es sorti du pays d’Égypte. On ne verra point chez toi de levain, dans toute l’étendue de ton pays, pendant sept jours; et aucune partie des victimes que tu sacrifieras le soir du premier jour ne sera gardée pendant la nuit jusqu’au matin. Tu ne pourras point sacrifier la Pâque dans l’un quelconque des lieux que l’Éternel, ton Dieu, te donne pour demeure; mais c’est dans le lieu que choisira l’Éternel, ton Dieu, pour y faire résider Son nom, que tu sacrifieras la pâque, le soir, au coucher du soleil, à l’époque de ta sortie d’Égypte. Tu feras cuire la victime, et tu la mangeras dans le lieu que choisira l’Éternel, ton Dieu. Et le matin, tu pourras t’en retourner et t’en aller vers tes tentes. » (Deutéronome 16:1-7)

C’est dans les premiers versets de Deutéronome 16 que l’on retrouve les prescriptions pour la célébration de Pessa’h après l’entrée dans la terre promise. On constate que l’agneau pascal devra être immolé, non pas « entre les deux soirs » comme il est écrit dans les trois livres précédant celui du Deutéronome, mais plutôt « ba-erev hash-shemesh » (הַשֶּׁ֔מֶשׁ  בָּעָ֑רֶב) qui a été correctement traduit dans la version Louis Segond 1910 par  « le soir, au coucher du soleil ». Est-ce qu’il faudrait comprendre que l’agneau pascal devait être désormais sacrifié au Temple à Jérusalem (le lieu choisi par l’Éternel pour y faire résider Son Nom) vers la fin d’après-midi ? Comment expliquer cette variation entre les deux textes ?

Le mot hébreu « moed » (מֹועֵ֖ד) traduit par « époque » signifie « au temps, signal, signe fixé ». Il ne fait donc pas référence à l’heure précise de la sortie d’Égypte. Ainsi, il n’existe pas d’incohérence quant à la période du sacrifice de la pâque puisque celui-ci devait avoir lieu « au coucher du soleil » et que celui-ci était interprété comme correspondant à la période à partir de laquelle le soleil entamait sa descente vers l’ouest. Et comme indiqué précédemment, c’était entre 12 :01 et 17 :59, ce que confirme l’apologète juif Philon d’Alexandrie :

« LE QUATRIÈME FESTIVAL”

XXVII. (145) Après la fête de la nouvelle lune vient la quatrième fête, celle de la Pâque, que les Hébreux appellent pascha, au cours de laquelle tout le peuple offre un sacrifice, qui commence à midi et se poursuit jusqu’au soir. » (Œuvres de Philon d’Alexandrie, De specialibus legibus, Volumes 24, Livre II, paragraphe XXVII. (145))

Le fait que la période d’immolation des agneaux pascaux débute à 12 :01 est aussi la raison pour laquelle tout levain devait être ôté des maisons et brûlé au plus tard à la sixième heure donc 12 :00, la journée du 14 Nisan. En effet, la pâque ne pouvait être sacrifiée que lorsqu’on ne trouvait plus aucune trace de levain en Israël.

Toutefois, n’oublions pas que le peuple d’Israël avait reçu une autre prescription de l’Éternel en matière de sacrifices : c’était celui de l’holocauste perpétuel !

« Voici ce que tu offriras sur l’autel : deux agneaux d’un an, chaque jour, à perpétuité. Tu offriras l’un des agneaux le matin, et l’autre agneau entre les deux soirs (bein ha-arbayim ים ִבָּרְעַה ָבין). » (Exode 29 :38-39)

« Tu leur diras : Voici le sacrifice consumé par le feu que vous offrirez à l’éternel: chaque jour, deux agneaux d’un an sans défaut, comme holocauste perpétuel. Tu offriras l’un des agneaux le matin, et l’autre agneau entre les deux soirs (bein ha-arbayim ים ִבָּרְעַה ָבין),[…] » (Nombres 28 :3-4)

À l’époque de Yeshua, la paire d’agneaux (tamid) destinée au sacrifice perpétuel étaient immolés par les prêtres, respectivement à la troisième heure donc à 9 :00 pour l’holocauste du matin, puis à la neuvième heure c’est-à-dire à 15 :00 pour celui du soir. Quant à la pâque, elle était toujours immolée dans la cour du Temple, à Jérusalem, APRÈS l’holocauste perpétuel du soir.

FÊTE HEURE JUIVE HEURE ROMAINE

HORAIRE CLASSIQUE DE L’HOLOCAUSTE PERPÉTUEL

1RE HEURE 7 :00
Le premier agneau est amené et attaché à l’autel  (Mishnah, traité Tamid 3:2-3:3). Les prêtres préparent l’autel (Mishnah, traité Tamid 1 :2)
3E HEURE 9 :00
Le premier agneau est immolé à 9:00 (Mishnah, traité Tamid 3:7). Heure d’ouverture des portes du Temple.
6E HEURE 12 :00
Le second agneau est amené et attaché à l’autel (Mishnah, traité Tamid 4:1). La prière individuelle de l’après-midi s’étend de midi aux environs de 17:00, heure de fin de l’office de l’après-midi (Mishnah, traité Berakhot, 4:1C; Actes 10:9).
9E HEURE 15 :00
Le second agneau est sacrifié à 15:00 (Les Antiquités Judaïques, Livre XIV, Chapitre IV, paragraphe 3).

 

Heure de la prière (Actes 3:1, 10:9).

HORAIRE DU JOUR DE PESSA’H (14 NISAN)

14 Nisan 8E HEURE 14 :00
Le second agneau est immolé une heure  plus tôt.
Si le 14 Nisan tombe un vendredi 7E HEURE 13 :00
Le second agneau est offert deux heures plus tôt. En effet, la pâque doit être rôtie avant le début du sabbat. Or si le 14 Nisan est un vendredi, ceci signifie que la Fête des pains sans levain qui a lieu le 15 Nisan débutera un samedi. Ainsi, le 15 Nisan sera un shabbat shabbaton, c’est-à-dire un double sabbat (Jean 19 :31). Il est donc vital que le second agneau du sacrifice perpétuel soit immolé aussitôt que le soleil amorce sa trajectoire vers l’ouest. (Talmud de Babylone, Traité Pesachim 3:5)

Source et inspiration: https://www.agapebiblestudy.com/charts/jewishtimedivision.htm

Flavius Josèphe révèle qu’à l’époque du 2d Temple, les agneaux pascaux étaient tués à partir de la neuvième heure (15 :00) jusqu’à la onzième (17 :00).

« Ainsi, ces grands prêtres, à l’approche de la fête appelée Pâque, lorsqu’ils égorgent leurs sacrifices, depuis la neuvième heure (15:00) jusqu’à la onzième (17:00)[…] » (traduction libre française ; La Guerre des Juifs, Livre VI, Chapitre 9, paragraphe 3)

Les Évangiles nous informent que Yeshua est mort à l’heure à laquelle la pâque était immolée au Temple (Matthieu 27 :46-50 ; Marc 15 :34-37 ; Luc 23 :44-46) et précisent qu’à l’instar de l’agneau pascal, aucun de Ses os ne fut brisé (Jean 19 :33-36).

Toute pâque immolée en dehors de l’horaire établi au Temple aurait été considérée comme un sacrifice invalide. Par ailleurs, si les agneaux pascaux étaient sacrifiés entre la neuvième heure et la onzième, le souper pascal ne débutait que quelques instants avant la tombée de la nuit, donc vers la fin de la journée du 14 Nisan, et se poursuivait toute la nuit, c’est-à-dire pendant les premières heures du 15 Nisan (Exode 12 :8 ; cf. livre apocryphe des Jubilées, chapitre 49). Aucune partie de la pâque ne devait être conservée jusqu’au matin du 15 Nisan (Deutéronome 16 :4).

Le 15 Nisan correspond au premier jour de la fête ou du Festival des pains sans levain (chag ha-matzot ותֹצּמַּה ַחג), encore appelé par abus de langage « Festival de Pessa’h » à l’époque de Yeshua ; il dure sept jours (Lévitique 23 :6-8).

YESHUA A T-IL OU PAS CONSOMMÉ DE LA VIANDE DE L’AGNEAU PASCAL LORS DE SON DERNIER REPAS ?

Puisque tout sacrifice pascal d’un agneau non effectué le 14 Nisan entre 15 :00 et 17 :00 était invalide, se pose alors la question de savoir si Yeshua a mangé la pâque (Matthieu 26 :17-20 ; Marc 14 :12-17 : Luc 22 :8-16), c’est-à-dire de la viande d’agneau lors de son dernier repas.

Le mot « pâque » a plusieurs acceptions dans la Bible. Il peut faire référence :

  • au korban pessa’h, l’agneau pascal pris à partir du petit bétail (Exode 12 :21 ; Deutéronome 16 :2) ;
  • au korban chagigah, un sacrifice d’actions de grâces offert à partir du gros bétail (Deutéronome 16 :2 ; 2 Chronique 30 :22, 35 :7-8) en complément à l’agneau pascal au cas où celui-ci ne suffirait pas à rassasier le groupe de célébrants. La coutume d’associer un sacrifice d’actions de grâces aux holocaustes des grands moments de réjouissances trouve son origine ici :

« Dans vos jours de joie, dans vos fêtes, et à vos nouvelles lunes, vous sonnerez des trompettes, en offrant vos holocaustes et vos sacrifices d’actions de grâces, et elles vous mettront en souvenir devant votre Dieu. Je suis l’Éternel, votre Dieu. » (Nombres 10 :10)

  • au souper de fête pour la Pessa’h;
  • la fête de Pessa’h ;
  • par abus de langage, à la Fête des pains sans levain (Chag Ha-Matzot); (Ézéchiel 45 :21) ;
  • Yeshua, le Messie (1 Corinthiens 5 :7).

D’après le Talmud (traité Pesachim, 70a), la chagigah était consommée avant l’agneau pascal afin de satisfaire au commandement voulant que l’on mange la pâque alors qu’on est rassasié (« al ha’sova »). En effet, l’agneau pascal n’était pas mangé afin de répondre à un besoin physiologique, mais avant tout dans le but de commémorer ce que l’Éternel avait dans le contexte de la sortie d’Égypte. La chagigah n’était obligatoire que lorsque ces trois conditions cumulatives étaient remplies :

  • le 14 Nisan tombait un jour de semaine
  • ceux qui apportaient la bête du gros bétail à immoler, devaient être rituellement purs
  • un seul agneau ne suffirait pas à nourrir toute la maisonnée.

Tandis que la chagigah associé à la fête de Pessa’h était facultative, ce n’était pas le cas pour celui offert le 15 Nisan à l’occasion de la Fête des pains sans levain.

Hormis le vin et le pain, ainsi qu’un liquide dans lequel des morceaux étaient trempés, les Évangiles n’indiquent pas si Yeshua a consommé de la viande pendant son dernier repas. On sait que les règles en vigueur au 1er siècle et relatives à l’immolation de l’agneau pascal font qu’il est impossible que le Messie ait pu faire sacrifier un korban Pessa’h, accompagné d’un korban chagigah. Peut-on dire pour autant que le dernier repas du Messie n’en était pas un de commémoration de Son passage au-dessus « des maisons des enfants d’Israël en Égypte, lorsqu’IL frappa l’Égypte et sauva [leurs] maisons. » ? (Exode 12 :27)  Était-ce donc oui ou non un Seder pascal, Lui qui a « désiré vivement manger cette Pâque […] avant de souffrir car […] [il] ne la mangerai plus, jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le royaume de Dieu. » (Luc 22:15-16)

CONCLUSION

Depuis la destruction du Temple, le peuple juif ne peut plus suivre à la lettre les modalités régissant l’offrande de sacrifices. C’est pourquoi le korban pessa’h est remplacé très souvent par un os dans les assiettes du Seder de Pessa’h tandis qu’un oeuf dur symbolise le korban chagigah. Certains juifs, en accord avec le Shulkhan Arukh/Choulhan Aroukh, une compilation rabbinique de règles de vie, ne mangent carrément pas de viande d’agneau rôtie pendant les célébrations.  D’autres ayant une interprétation très souple des dispositions du code consommeront quand même de la viande d’agneau mais à condition qu’elle ne soit pas rôtie. Cette diversité d’opinions quant à la consommation de la viande d’agneau se reflète dans les assiettes des juifs messianiques.

Lors de la fête de Pessah, les juifs messianiques célèbrent à la fois la délivrance de l’esclavage en Égypte, mais aussi le sacrifice salvateur de Yeshua HaMashiach.

Les Évangiles nous informent que Yeshua a été crucifié à la troisième heure (9 :00), l’heure du premier holocauste perpétuel quotidien et a rendu l’âme à la neuvième heure (15 :00), celle du début de l’immolation des agneaux pascaux. En se faisant « sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu » (Romains 12 ;1 ; cf. 1 Corinthiens 5 :7), IL est ainsi devenu l’Agneau de Dieu, Celui qui nous délivre de l’esclavage du péché.

Chaque fois qu’il est fait référence à l’agneau pascal dans la version en hébreu des textes, le mot n’est jamais employé au pluriel (Exode 12 :6 ; Deutéronome 16 :2). Il est question de LA pâque du Seigneur, d’un seul agneau pour tout le peuple, à l’instar de Yeshua  qui à Lui tout seul enlève le péché du monde.

« Le lendemain, il vit Jésus venant à lui, et il dit : Voici l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde. » (Jean 1 :29)

Et on ne saurait saisir à quel point Yeshua est le korban pessa’h qui délivre Israël et les nations du péché si on ne lit pas Ésaïe 52:13-15; 53.

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L’opinion exprimée dans ce billet n’engage que son auteure.

 

 

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