« Le diable? Laissez le pauvre monsieur en paix! »

« C’est Satan, le diable, qui est derrière ce qui s’est passé, c’est lui qui m’a fait faire ceci . C’est toujours le diable, laissez le pauvre monsieur en paix! Les gens sont toujours en train de l’accuser, chaque fois qu’ils ne font pas quelque chose de bien. » Il y a quelques mois , j’ai lu en ligne ce commentaire (que j’ai paraphrasé) et j’y ai repensé immédiatement en parcourant les différentes réactions des uns et des autres, au dernier scandale sexuel chrétien qui a secoué cette fois-ci, le monde de l’apologétique.

Quelques mois après sa mort en mai 2020 et à la suite d’une enquête menée par un cabinet d’avocats à la demande de l’organisme religieux qu’il avait fondé (RZIM), il a été révélé que Ravi Zacharias, un célèbre apologiste et auteur chrétien, aurait harcelé sexuellement plusieurs femmes, en sollicitant entre autres, des faveurs sexuelles. Des photos indécentes de différentes femmes ainsi que des messages textes compromettants ont aussi été retrouvés dans les mémoires de plusieurs de ses téléphones. Êtes-vous curieux de savoir celui qui a permis que le scandale soit révélé? Un athée! Et pourtant en 2016-2017, une femme avait déjà émis de telles accusations contre M. Zacharias qui avait alors nié catégoriquement les faits, l’affaire se soldant par un règlement à l’amiable entre les parties. À l’époque, RZIM avait cru son fondateur. Toutefois, quand de nouvelles allégations ont surgi à la fin 2020, RZIM a cette fois-ci commandité une enquête indépendante et vient de publier un rapport qui se trouve ici: https://www.rzim.org/read/rzim-updates/board-statement.

 

En dépit de ce qui est décrit dans le rapport, certains chrétiens se sont fendus en ligne des sempiternels: « Nous sommes faillibles », « nous sommes tous pécheurs », « nous commettons tous des erreurs », « nous sommes tous susceptibles de succomber à la tentation », « Dieu se sert des pécheurs pour son oeuvre », « Ravi a amené tant de gens au Seigneur »,etc. Waouh!

 

 

Rationalisons, justifions, excusons, nions, minimisons, enrobons tout ceci d’une certaine aura de spiritualité ou jetons tout simplement le blâme sur Satan; après tout, les chrétiens ont déjà une place garantie au paradis, n’est-ce pas? Loin de moi l’idée de me faire le chantre de Satan et de nier qu’il est le tentateur! Toutefois, c’est une lapalissade que de dire qu’il a le dos large au sein de la  chrétienté! Pourtant, les actions de beaucoup de chrétiens ne sont rien d’autre que les résultats de mauvais choix et traits de caractère consciencieusement chéris, entretenus et dissimulés sous des couches de suffisance. Il paraît d’ailleurs que tous les humains auraient une tendance à la suffisance, selon l’ évêque anglican J.C. Ryle. Soit, je veux bien le croire! Mais je trouve que cette tendance est exacerbée chez le chrétien à cause des interprétations dévoyées que nous avons de l’assurance de notre salut en Yeshua.

 

Très souvent, nous chrétiens, avons tendance à comprendre la vérité exprimée dans le verset suivant, comme un blanc-seing qui nous est donné pour refaire indéfiniment les mêmes « erreurs ».

« Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus Christ » (Romains 8:1).

C’est ce genre de raisonnement qui, selon moi, est à l’origine des actions d’une Église catholique qui a caché les abus sexuels de prêtres récidivistes en leur faisant, par exemple, juste changer de paroisse. C’est ce genre de raisonnement qui fait que des églises évangéliques choisissent d’étouffer les scandales de pasteurs qui sont des prédateurs sexuels ou de fervents amateurs de la violence conjugale (en effet, n’oublions pas le « femmes, soyez soumises à votre mari » qui est manié pour culpabiliser les victimes). La propension du chrétien à trouver, au nom du pardon « dû » à son prochain ou de la miséricorde soi-disant infinie de Dieu, des excuses à des comportements qui salissent le nom du Messie et qui font de ses disciples la risée des non-croyants, est l’une des raisons pour laquelle la repentance est un vœu pieu dans nos vies. D’ailleurs, à quand remonte la dernière fois que vous avez entendu un enseignement ou un sermon sur la contrition ou la repentance (le fameux 180­° radical pour revenir dans le droit chemin)? On ne parle plus désormais que de l’amour de Dieu et de sa grâce bon marché. Très bien, mais ne devrions-nous pas en retour, faire au moins l’effort de s’assurer que le nom de CELUI qui fait preuve de tant de mansuétude à notre égard, ne soit pas traîné dans la boue à cause de notre manie à nous arranger avec notre conscience?

 

Oui, j’accuse les chrétiens d’une certaine complaisance vis-à-vis du péché quand il est commis par l’un des nôtres. Pourtant, n’avons pas nous lu 1 Corinthiens 5 où Paul est plus que limpide sur la façon dont nous devons réagir face au levain, c’est-à-dire au péché au sein de nous? Certains, par mauvaise compréhension ou foi, pourraient me citer Matthieu 7:1-5 ou 1 Corinthiens 4:5,  tout en veillant à réchauffer le célèbre: « Jésus a dit de ne pas juger. » Certes, mais quand Jésus a exprimé son amour et sa miséricorde à la femme adultère en lui disant qu’IL ne la condamnait pas, s’est-IL abstenu de lui dire du même souffle de ne plus pécher (au lieu de « Vas et ne fais plus d' »erreur »?) (Jean 8:1-11)? Quelqu’un peut-il m’indiquer le verset où le Messie a camouflé, dissimulé ou minimisé les violations de la Parole de Dieu commises par ses compatriotes, juste parce que c’était soi-disant une affaire de croyants en le Dieu d’Abraham, Isaac et Jacob? Pourquoi est-ce que le chrétien d’aujourd’hui appelle tacitement ou implicitement le mal bien, par son réflexe à ne pas dénoncer vigoureusement et rejeter le mal en son sein, au nom du « pardon », de « l’amour du prochain » ou du « il ne faut pas juger »? Faisons-nous désormais comme Satan qui aime bien faire dire à la Parole ce qu’elle ne dit pas, en amoindrissant sa teneur et en pervertissant les principes divins fondés sur la miséricorde de l’Éternel?

 

Des « erreurs » répétées ne sont plus des « erreurs » mais rien d’autre que la manifestation extérieure d’un péché enraciné (1 Jean 3:4, 7-9). Est-ce une situation désespérée dont il faut s’accommoder parce qu’on produirait quand même « des fruits » pour le Royaume de Dieu? ABSOLUMENT PAS! Quand on se débat sans fin avec une attitude pécheresse, il faut avoir le courage de se l’admettre et l’humilité de la confesser à des personnes dignes de confiance ; il faut ensuite leur demander leur assistance dans la prière afin de remporter ce combat contre notre chair.

« Celui qui cache ses transgressions ne prospère point, Mais celui qui les avoue ET les délaisse obtient miséricorde. » (Proverbes 28:13)

Cependant, quand je lis et j’entends certains propos lorsqu’émerge un énième scandale impliquant un chrétien, je finis sérieusement par me demander si « être chrétien » signifie s’arranger à sa guise et à volonté avec sa conscience, car après tout, nous n’irons pas en enfer. Avons-nous oublié que l’on ne se moque pas de Dieu?

« Ne vous y trompez pas: on ne se moque pas de Dieu. Ce qu’un homme aura semé, il le moissonnera aussi. Celui qui sème pour sa chair moissonnera de la chair la corruption; mais celui qui sème pour l’Esprit moissonnera de l’Esprit la vie éternelle. » (Galates 6:7-8)

 

Je suis contente (notamment pour les victimes) que RZIM ait eu le courage et surtout l’intégrité qui doit être celle de tout disciple du Messie, d’avoir publié l’intégralité du compte-rendu d’enquête. Au moins, ils n’ont pas eu la malhonnêteté intellectuelle et spirituelle, afin détouffer cette histoire, de prétendre que « Celui qui couvre une faute cherche l’amour » (Proverbes 10:12; 17:9) ou que le corps du Christ devrait laver son linge sale en famille (1 Corinthiens 6:1-11).

Le roi David nous a laissé un formidable texte (Psaume 51) qui illustre l’attitude d’une personne réellement repentante et qui s’engage à tout faire pour ne plus refaire ce qu’elle a fait: il s’agit d’une attitude de réelle contrition.  Ravi Zacharias était-il l’un de ces loups en vêtements de brebis contre lesquels l’Église a été mise en garde à maintes reprises? Peut-être, puisqu’il avait déjà avoué avoir exagéré l’étendue de ses qualifications académiques en 2018! Ce n’est pas le propos de cette publication! J’ai plutôt le désir de souligner que la récurrence de scandales sexuels découverts par des non-chrétiens montre qu’il y a un sérieux problème au sein du corps du Messie. Tant que nous serons complaisants envers nos fautes délibérément entretenues et répétées et que nous passerons notre temps à faire comme si ce n’est pas bien grave (car après tout, il y aurait soi-disant pire que nous), ne soyons surpris pas que le levain prenne tant de place parmi nous et que les gens rejettent carrément le Seigneur. En effet, il n’en faut pas beaucoup pour lever une pâte!

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L’opinion exprimée dans ce billet n’engage que son auteure.

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