Je me suis fait baptiser… (encore?) – 1ère partie

Il y a quelques temps, je suis allée manger avec une amie que je n’avais pas revu depuis longtemps. Alors que je m’apprête à manger un bout de pain, mon amie qui a vécu en Israël, me demande: « Mais, tu ne te laves pas les mains? ». Je lui demande de quoi elle parle. Elle me répond: « Chez les juifs, on se lave les mains avant de consommer un repas comprenant du pain » (pratique du netilat yadayim qui est évoquée dans Marc 7:1-5; Luc 11:37). J’explique alors à mon amie que non seulement je ne me suis pas convertie au judaïsme, je ne vais pas non plus dans une synagogue. Je vais dans une église où se trouvent des juifs qui reconnaissent que Jésus comme le Messie promis à Israël: Yeshua HaMashiach. Mon église n’est pas différente de ces assemblées de croyants en Jésus-Christ, du premier siècle, qui se réunissaient dans la province romaine de Judée, puis à Corinthe, Éphèse et bien au-delà. On y trouvait des juifs et des non-juifs, tous UN en LUI (1 Corinthiens 12:13; Galatians 3:28; Éphésiens 2:11-18; 3:6; Colossians 3:11). La prochaine question de mon amie a été: « Quand est-ce que tu te baptises alors? ». Pardon? « Pourquoi est-ce que je me baptiserais de nouveau? » lui rétorquai-je. Contrairement à la plupart des catholiques, je n’ai pas été baptisée bébé ou je ne suis pas devenue catholique par hérédité. Non, non, non! Dans mon cas, ce fût une décision consciente, prise toute seule alors que j’étais au secondaire et issue d’un milieu musulman. En plus, quand je me suis baptisée, je ne l’ai pas fait pour devenir catholique mais plutôt une disciple du Christ. CQFD; je n’ai pas besoin de me baptiser de nouveau, prochain sujet de conversation SVP!

Deux semaines plus tard, on annonce une étude biblique sur le baptême à l’église. Étant donné que je voulais en savoir un peu plus sur les racines juives du baptême chrétien, j’y suis allée, toujours décidée à ne pas me faire baptiser… de nouveau. Toutefois, comme dit l’adage, « il ne faut jamais dire: fontaine, je ne boirai pas de ton eau. » Avant d’aborder la volteface que j’ai faite, je vais juste dire quelques mots sur ce qu’était le baptême à l’époque du Second Temple, celle de notre Seigneur Jésus.

En tant que chrétiens, nous savons tous que Yochanan (Jean), le cousin de notre Seigneur Yeshua (Jésus), prônait le baptême de repentance (Matthieu 3:5-6; Marc 1:7-8; Luc 3:1-3). Il était tellement dévoué à sa mission que nous le connaissons plus sous le nom de Jean-Baptiste. Quelle était sa méthode?

« Jean parut, baptisant dans le désert, et prêchant le baptême de repentance, pour la rémission des péchés. Tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui; et, confessant leurs péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans le fleuve du Jourdain. » (Marc 1:4-5)

Certificat de baptême

Les mots grecs baptisma et metanoia, qui ont été traduits respectivement par « baptême » et « repentance« , font référence à une expérience physique et spirituelle, où l’individu se purifie en plongeant entièrement dans de l’eau, tout en éprouvant un remords sincère pour ses péchés et le désir de changer radical de mentalité. L’action d’immersion complète (t’villah) est considérée comme un processus définitif et permanent qui scelle la résolution prise par l’individu. Pourquoi ce terme « repentance » et surtout pourquoi une immersion dans de l’eau?

La Septante (LXX), la première traduction grecque du TaNaKh, la Bible hébraïque, ne parle pas de « repentance » (metanoia) pour l’individu ou la nation qui enfreint la parole de la Dieu, mais plutôt de « retour à l’Éternel » (strepho). Strepho a été utilisé pour traduire le concept hébraïque de teshuvah. On retourne à l’Éternel et on lui obéit désormais (shema).

« Lorsque toutes ces choses t’arriveront, la bénédiction et la malédiction que je mets devant toi, si tu les prends à coeur au milieu de toutes les nations chez lesquelles l’Éternel, ton Dieu, t’aura chassé, si tu reviens à l’Éternel, ton Dieu, et si tu obéis à sa voix de tout ton coeur et de toute ton âme, toi et tes enfants, selon tout ce que je te prescris aujourd’hui, alors l’Éternel, ton Dieu, ramènera tes captifs et aura compassion de toi, il te rassemblera encore du milieu de tous les peuples chez lesquels l’Éternel, ton Dieu, t’aura dispersé. […] Et toi, tu reviendras à l’Éternel, tu obéiras à sa voix, et tu mettras en pratique tous ces commandements que je te prescris aujourd’hui. L’Éternel, ton Dieu, te comblera de biens en faisant prospérer tout le travail de tes mains, le fruit de tes entrailles, le fruit de tes troupeaux et le fruit de ton sol; car l’Éternel prendra de nouveau plaisir à ton bonheur, comme il prenait plaisir à celui de tes pères, lorsque tu obéiras à la voix de l’Éternel, ton Dieu, en observant ses commandements et ses ordres écrits dans ce livre de la loi, lorsque tu reviendras à l’Éternel, ton Dieu, de tout ton coeur et de toute ton âme. » (Deutéronome 30:1-3; 8-10)

« Et moi, je vous ai envoyé la famine dans toutes vos villes, Le manque de pain dans toutes vos demeures. Malgré cela, vous n’êtes pas revenus à moi, dit l’Éternel. Et moi, je vous ai refusé la pluie, Lorsqu’il y avait encore trois mois jusqu’à la moisson; J’ai fait pleuvoir sur une ville, Et je n’ai pas fait pleuvoir sur une autre ville; Un champ a reçu la pluie, Et un autre qui ne l’a pas reçue s’est desséché. Deux, trois villes sont allées vers une autre pour boire de l’eau, Et elles n’ont point apaisé leur soif. Malgré cela, vous n’êtes pas revenus à moi, dit l’Éternel. Je vous ai frappés par la rouille et par la nielle; Vos nombreux jardins, vos vignes, vos figuiers et vos oliviers Ont été dévorés par les sauterelles. Malgré cela, vous n’êtes pas revenus à moi, dit l’Éternel. J’ai envoyé parmi vous la peste, comme en Égypte; J’ai tué vos jeunes gens par l’épée, Et laissé prendre vos chevaux; J’ai fait monter à vos narines l’infection de votre camp. Malgré cela, vous n’êtes pas revenus à moi, dit l’Éternel. Je vous ai bouleversés, Comme Sodome et Gomorrhe, que Dieu détruisit; Et vous avez été comme un tison arraché de l’incendie. Malgré cela, vous n’êtes pas revenus à moi, dit l’Éternel… » (Amos 4:6-11)

Quand on parle de retour à l’Éternel, il y a cette idée de s’être engagé sur un mauvais chemin puis de devoir faire demi-tour afin de revenir sur la bonne voie, en fin de compte comme le Fils prodigue (Luc 15:11-32). Il est intéressant de noter que le Père dit à deux reprises à propos de son fils: « il est revenu à la vie« ; en effet, l’Éternel est la source de vie, il est « la source d’eau vive«  (Jérémie 17:13; Jean 7:38)

« Approchez-vous de Dieu, et il s’approchera de vous. Nettoyez vos mains, pécheurs; purifiez vos coeurs, hommes irrésolus. Sentez votre misère; soyez dans le deuil et dans les larmes; que votre rire se change en deuil, et votre joie en tristesse. Humiliez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera. » (Jacques 4:8-10)

Dans les extraits ci-dessus et dans tous les messages que l’Éternel adresse à Israël ou à l’humanité dans son ensemble, il y a cette exhortation à abandonner la mauvaise voie sur laquelle on avance et de faire demi-tour pour revenir à la maison du Père. Toutefois, comment opérer ce genre de demi-tour comme le Fils prodigue l’a littéralement fait, sans avoir complètement changé radicalement sa façon de voir les choses et ce, de façon permanente?

C’est là que le mot grec metanoia intervient; il exprime cette idée de regrets, de remords quant à notre ancienne mentalité dévoyée. Il faut modifier sa façon de penser, sa mentalité afin de changer de coeur et d’altérer ses actions en conséquence. Le retour au bercail doit être fait de tout son coeur, son être, son esprit vers Dieu (Marc 12:29) et on n’en repart plus. C’est le message que Jean-Baptiste proclamait. Toutefois, il précisait qu’il ne baptisait que d’eau et non de feu, contrairement au Messie qui le ferait du Saint-Esprit ET de feu (Matthieu 3:11; Marc 1:7-8; Luc 3:16; Jean 1:33).

« Moi, je vous baptise d’eau, pour vous amener à la repentance; mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de porter ses souliers. Lui, il vous baptisera du Saint-Esprit et de feu. » (Matthieu 3:11)

640px-Mikvah_-_goldberg
Un mikveh de l’époque du Second temple – Joe Goldberg/Wikimedia Commons

Soit! Mais où est-ce que Jean-Baptiste a pris cette idée d’un bain de purification afin d’exprimer sa ferme décision de revenir, de retourner à Dieu? À l’époque du Second temple, il était admis dans le judaïsme d’effectuer des bains rituels de purification; des exemples de situations où ils étaient requis, nous sont donnés dans l’Ancien Testament (Exode 30:17-21; Lévitique 15). Une personne devait aussi être pure avant de rentrer dans le temple. Ce rituel d’immersion complète du corps à titre de purification, t’villah, était effectué, soit dans des cours d’eau vive, soit dans des bains que l’on retrouvait dans des habitations et appelés mikveh. Concernant l’acte de t’villah, comprenez-vous maintenant pourquoi est-ce que Simon Pierre a répondu « Seigneur, non seulement les pieds, mais encore les mains et la tête«  au Seigneur qui venait de lui dire : « Si je ne te lave, tu n’auras point de part avec moi.« ? (Jean 13:1-10). En effet, ne devons-nous pas être purs pour entrer en présence du Seigneur et n’est-ce pas LUI, la source d’eau vive qui nous purifie et nous a purifiés par son sacrifice à la croix?

Alors, revenons à ma petite histoire et à ma détermination à ne pas me faire baptiser de nouveau! Rappelez-vous mon argument principal: même si j’avais été baptisée par le passé en tant que catholique, ça n’a pas été fait alors que j’étais enfant. Non, non, non,;moi, j’ai choisi les yeux bien ouverts de me mettre à la suite de Jésus, mes parents ne l’ont pas fait pour moi. Mon pasteur me demande: « Mais comment ça s’est passé? Immersion ou aspersion? ». Sur le coup, je lui ai répondu « aspersion » mais en regardant plus tard des photos d’un baptême catholique, je me suis souvenue que c’était par affusion.

Immersion? aspersion? affusion? En français courant, ça signifie quoi?
– baptême par immersion: je l’ai décrit plus haut;
– baptême par aspersion: il consiste à asperger le baptisé d’eau;
– baptême par affusion: il s’agit de verser de l’eau 3 fois sur la tête de la personne baptisée. D’après la Didachè (manuscrit du 1er siècle qui illustre certaines pratiques de l’Église primitive), le baptême par affusion était pratiqué dans ses situations où il n’y avait pas de source d’eau vive ou de bains (par exemple, dans les prisons, quand les gens croyaient en Jésus).

Au sujet du baptême, baptisez ainsi : après avoir enseigné tout ce qui précède, baptisez au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit dans de l’eau courante. S’il n’y a pas d’eau vive, qu’on baptise dans une autre eau, et à défaut d’eau froide, dans de l’eau chaude. Si tu ne disposes ni de l’une ni de l’autre, verse trois fois de l’eau sur la tête au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit .

Je ne voulais pas l’admettre mais tout semblait indiquer qu’en ce qui concerne la forme, le baptême que j’avais effectué, il y a 29 ans, était invalide. Toute peinée, je n’arrêtais pas de me dire, pendant le restant de l’étude biblique: « Mais vous n’allez pas me faire croire que je ne marchais pas tout ce temps avec le Seigneur. IL le sait lui que je LE suivais. Et puis, combien de personnes se sont baptisées, complètement immergées dans de l’eau et ont des comportements non-chrétiens? Si c’est la forme du baptême qui fait le « vrai » chrétien, ma foi, il y a quelque chose qui ne va pas. De toute façon, Dieu regarde le coeur et juge selon ce critère, voilà!  » Toutefois, au bout d’un moment, dépitée et à vrai dire à contrecoeur, j’ai fini par dire au pasteur: « Bon, est-ce trop tard pour s’inscrire pour la prochaine séance de baptêmes puisque vous venez d’invalider le mien? ».

Dans la 2ème partie de ce billet, je vous expliquerai pourquoi est-ce qu’au-delà de la non-conformité scripturale du baptême que j’ai reçu par le passé, j’ai décidé de me faire baptiser de nouveau.


L’opinion émise dans ce billet n’engage que son auteure.

 

 

7 commentaires

  1. […] Comme je l’ai déjà expliqué, le concept de baptême (tevilah) dans un but de purification spirituelle est un concept juif qui trouve son origine dans certains rituels prescrits dans l’Ancien Testament (Exode 30:17-21; Lévitique 15). Il n’était donc pas étranger pour les juifs de l’époque de Jésus de voir Yochanan le baptiste (Jean-Baptiste) baptiser des gens sur les rives du Jourdain (Luc 3 :21; Jean 1 :24). Toutefois, le baptême de Jean-Baptiste était différent car il en était un de repentance, conformément à la prophétie d’Ésaïe (Ésaïe 40 :3). Le Seigneur Jésus, qui n’avait nullement besoin de se faire baptiser, l’a fait afin de montrer à ses disciples l’exemple (Matthieu 3 :13-15). De quel exemple parle-t-on? De montrer publiquement qu’on était né de nouveau et qu’on s’engageait envers Dieu à se détourner de ses anciennes voies pour désormais vivre conformément à la volonté et aux commandements de Dieu (1 Pierre 3 :21). […]

    J’aime

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire le pourriel. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.