Et si Dieu vous venait en aide, via une personne insignifiante? – 1ère partie

Il fût une période de ma vie où je pleurais systématiquement chaque jour (vous savez le fameux « ugly cry » d’Oprah). Je vivais d’immenses difficultés financières et je ne voyais pas le bout du tunnel en dépit de mes nombreuses prières récriminations contre le ciel. À la même époque, une amie célébrait son anniversaire et je devais me rendre aux festivités dans une autre ville. Une fois arrivée à proximité de l’endroit où devaient se tenir les célébrations, je me rends à une cabine téléphonique pour passer un appel, n’ayant plus de téléphone cellulaire. J’entends alors une voix derrière moi qui me dit : « Tu peux prendre mon téléphone. »

SDFJe me retourne et j’aperçois Serge, un sans-abri de 69 ans que je connaissais ni d’Adam, ni d’Ève; c’est lui qui m’avait parlé. Surprise de son geste altruiste, je lui propose de lui payer le coût de la communication en contrepartie; il faut dire que l’entraide spontanée entre inconnus n’est pas de coutume là où je vis. Intérieurement, je ne peux pas m’empêcher de penser : « Waouh! Tu es vraiment tombée bien bas puisque même les sans-abris ont des téléphones et que tu ne peux même pas t’en payer. » Orgueil quand tu nous tiens! Il me répond avec un air amusé: « C’est juste de la générosité. » Embarrassée par cet agréable rappel à l’ordre qu’il y a encore de l’espoir dans ce monde insensible, gris et froid 😊 et que la condescendance (même non verbalisée) envers autrui est à bannir, je passe mon appel puis lui rends son téléphone. C’est alors qu’il me dit : « Faut pas pleurer comme ça! ». Je le regarde saisie et lui demande pourquoi est-ce qu’il me dit cela. Il me dit que c’est une chanson de Daniel Guichard et me recommande d’écouter la chanson afin de savoir de quoi elle parle.

Pourquoi ai-je été interpellée quand cet inconnu que je rencontre pour la première fois me dit : « Faut pas pleurer comme ça »? Parce que j’avais passé les jours précédents à toute ma peine devant le Seigneur et l’Éternel venait de me répondre de façon limpide, qu’IL m’avait vue et entendue. À travers un sans-abri, une personne à qui on accorde à peine un regard en général, Dieu me parlait. (Ésaïe 59:1).

Fillette et soldat
Polley Voos Fransay? (Soldier Speaking to Little French Girl), Life, November 22, 1917. Oil on canvas
Source: Cliff 1066 – Flickr (Attribution 2.0 Generic (CC BY 2.0))

 

Le chapitre 5 du deuxième livre des Rois nous raconte l’histoire d’un général syrien qui reçoit un conseil non sollicité à propos d’un mal qui le ronge depuis longtemps, d’une petite fille, esclave de l’épouse du général :

« Or, les Syriens avaient mené des expéditions, et ils avaient ramené prisonnière une petite fille du pays d’Israël. Celle-ci était au service de la femme de Naaman, et elle dit à sa maîtresse: « Si seulement mon seigneur pouvait voir le prophète qui se trouve à Samarie, il le guérirait de sa lèpre! » (2 Rois 5:2-3)

Quelle est la réaction du général, Naaman? Quelle serait votre réaction dans pareille situation?

Beaucoup parmi nous aujourd’hui n’auraient même pas considéré les propos de cette israélite. Au mieux, ils auraient balayé du revers de la main ce qu’elle avait à dire; au pire, ils auraient considéré sa démarche comme un manque de déférence à leur égard. Après tout :

(1) le conseil n’était pas sollicité : « Non, mais sérieusement, qui l’a sonnée, elle? Lui a-t-on demandé son avis? Pour qui se prend-elle, cette petite et esclave de surcroît? Peu importe, la délicatesse et la sollicitude avec laquelle elle s’est permise de dépasser les limites qui sont les siennes, de quoi se mêle-t-elle? ».

Pourtant, un conseil n’est que ce qu’il est : un conseil. N’étant pas un ordre, on est donc libre d’en faire ce que l’on veut : le suivre ou l’ignorer, mais on n’a rien à perdre à l’entendre (Proverbes 12:15). C’est d’ailleurs ce que Moïse a fait lorsque son beau-père Jethro lui a offert un conseil non sollicité (Exode 18:17-23). Moïse aurait pu lui répondre : « Sauf votre respect, monsieur le père de mon épouse, répudiée de surcroît, vous n’êtes pas un israélite, vous ne croyez même pas en l’Éternel (Exode 18:11). En plus, Dieu me parlant directement, je suis convaincu que si j’étais en train de mal m’y prendre, IL me l’aurait fait savoir. Je vous souhaite bien le bonjour. » Pourtant, « Moïse écouta son beau-père et fit tout ce qu’il avait dit. »(Exode 18:14-16)

Il arrive parfois que l’on réagisse violemment à un conseil venant d’une personne, soit parce qu’il est évident que cette personne n’a pas de bonnes intentions à notre égard (Proverbes 26:24-26), soit parce qu’au fond de nous, nous n’apprécions pas la personne ou du moins son jugement (Luc 6:45). Contrairement à ce que l’on se dit, notre réaction n’est pas due au culot qu’à cette personne de toujours se mêler de ce qui ne la regarde pas. Non, ce qui est mis au jour ici, est plutôt un ressentiment latent que nous avons envers cette personne (1 Samuel 17:26-28); qu’il soit justifié ou pas, nous nous devons d’être honnêtes envers nous-mêmes et tirer au clair nos sentiments envers l’autre. Très souvent, ce n’est que notre orgueil que l’on pense si bien caché sous notre fausse humilité, qui se manifeste; quel dommage de passer à côté de bons conseils à cause de notre ego (Proverbes 12:15).

(2) Naaman était le seul à souffrir de la lèpre au sein de sa maison : aïe, aïe, aïe! Comment peut-on donner un conseil à propos de choses dont on ne connaît absolument rien, qu’on n’a pas vécu? Quelle crédibilité a-t-on?

À votre avis, combien d’évènements tragiques ou bouleversants un être humain vit-il en moyenne au cours de sa vie, toutes magnitudes confondues? Doit-on vivre forcément dans sa chair tous les malheurs pouvant survenir sur cette terre pour en parler?

Il est vrai qu’il n’y a rien de plus irritant, lorsque vous êtes dans l’eau en train de vous débattre, que d’entendre quelqu’un qui ne sait même pas nager vous dire ce que vous devriez faire, alors qu’il n’a aucune idée de la force du courant auquel vous faites face. Toutefois, force est d’admettre que, peut-être que de la rive, cette personne sait d’où vous viendra le secours (Psaume 121) et est donc plus à même de vous orienter afin de recevoir celui-ci en temps opportun et au bon endroit. Il n’y a qu’à penser à l’épisode entre le pharaon et le jeune prisonnier hébreu de 30 ans qu’était Joseph. Bien que celui-ci n’y connaisse absolument rien en politique, le pharaon n’a pas hésité à lui donner « le commandement de toute l’Égypte » (Genèse 40:31-44). Pourquoi? Parce que le pharaon ne pouvait que s’incliner devant la manifestation de cette vérité en Joseph : « Heureux l’homme qui a trouvé la sagesse et l’homme qui possède l’intelligence. » (Proverbes 3:13).

Dog-lamb-mud

Certaines personnes estimant qu’elles ont vécu « le pire » sur cette terre, pensent à tort qu’elles ne doivent plus souffrir de recevoir des conseils. En effet, la souffrance étant formatrice, elles ont obtenu leurs galons en la matière et sont désormais dépositaires de toute forme de sagesse, divine et humaine, accompagnée bien entendu de l’expérience de vie pertinente. Toutefois, ont-elles raison de voir les choses ainsi, d’autant plus que personne ne détient le monopole de la souffrance? La Parole ne nous met-elle pas en garde en affirmant:

« Mieux vaut un enfant pauvre et sage qu’un roi vieux et insensé qui ne sait plus écouter les avis. » (Écclésiaste 4:13).

2ème partie


L’opinion émise dans ce billet n’engage que son auteure.

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